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«Ouverte et coopérative» : les experts commentent le nouveau vecteur de la politique étrangère russe

Le nouveau programme de politique étrangère russe a été présenté officiellement le 1er décembre. Les agences de presse russes ont demandé aux experts de commenter ce document, ses implications et ses retombées éventuelles .

Une politique étrangère indépendante, basée sur les intérêts nationaux et le respect du droit international, mais en même temps «ouverte, prévisible», forgée par des siècles de rôle historique de la Russie dans le développement de la civilisation mondiale... Telle est l’approche annoncée par le nouveau programme de politique étrangère russe, le document qui oriente la stratégie internationale du pays.

«Consciente de sa responsabilité dans le maintien de la sécurité dans le monde», la Russie «cherche la coopération avec tous les Etats concernés, dans le but de résoudre les problématiques communes», peut-on lire dans ce document.

La Russie et l'ONU

Ainsi, Moscou appelle à «la création d’une grande coalition internationale antiterroriste basée sur un cadre juridique et une coopération effective et systématique des Etats».

En analysant ce vecteur politique, le Premier vice-président du Comité de la sécurité de la Douma, Ernest Valeïev, a déclaré que la Russie était «inébranlable dans sa politique extérieure». Il a ajouté que, malgré le fait qu’il y a «certaines tensions dans les relations avec l’ONU, ces gens-là sont raisonnables, ils comprennent qu’il faut sauvegarder la paix. L’expérience montre qu’on pourrait parvenir à un compromis au cours des longs pourparlers».

La Russie et sa vision du monde

En outre, la Russie continuera à promouvoir son propre point de vue à l’étranger, y compris par le biais des médias.

«Effectivement, les élections aux Etats-Unis, en Bulgarie, en France comme les événements en Syrie, ont été couverts par les médias occidentaux sous un autre angle, RT et Sputnik [agences de presse russes] ont pu fournir à leur lecteurs une vision alternative», a déclaré le Premier vice-président du Comité des affaires internationales du Conseil de la Fédération, Vladimir Djabarov, précisant que : «Le  fait qu’on essaie de fermer Russia Today dans certains pays montre l’efficacité de son travail.»

Selon le nouveau concept de politique étrangère, Moscou ne restera pas indifférent aux défis que rencontrent les autres pays. La Russie apportera donc son assistance à la résolution de la crise migratoire, en aidant les autres pays à intégrer ces réfugiés.

La Russie, la migration et l'Union européenne

«La crise migratoire a eu un grand impact sur l’Europe. Il est logique que la Russie veuille éviter de telles erreurs. En Allemagne, par exemple, les réfugiés ont beaucoup influencé la culture», a dit dans son interview à RT Alexander Buch, politologue de l’Université Humboldt, expert en politique internationale.

L'expert en l'histoire Alexeï Fenenko a expliqué à l'agence RIA Novosti que le document indiquait que «la Russie souhaiterait la préservation de l’Union européenne et la consolider dans le contexte du Brexit, alors que tout le monde disait que la Russie était intéressée à la désintégration de l’UE. Il est clairement attesté ici qu’elle ne s’y intéresse pas. Avec cela, on propose d’établir les relations avec tous les pays de l’UE. C’est-à-dire, on ne peut pas encore dire que les sanctions ont fait de la Russie et de l’Europe des ennemis, et apparemment, il est peu probable que cela arrive».

Rappelons que ce même jour du 1er décembre le président russe Vladimir Poutine a fait son discours annuel devant l'Assemblée fédérale russe. «Nous ne voulons pas d’affrontement avec qui que ce soit. Nous n’en avons pas besoin. Nous ne cherchons pas d’ennemis, nous avons besoin d’amis», a déclaré le chef d'Etat russe lors de cette allocution.

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