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Un roi local inculpé de meurtre après des affrontements meurtiers en Ouganda

Le roi du Rwenzururu, arrêté par la police après l'assaut de son palais, est inculpé de meurtre par la justice ougandaise pour les combats qui ont agité l'ouest du pays les 26 et 27 novembre. 87 personnes auraient été tuées selon la police.

«Le tribunal a siégé cet après-midi, il [le roi] a été inculpé de meurtre», a déclaré à l'AFP Solomon Muyita, porte-parole de la justice ougandaise. Interpellé dimanche après l'assaut de son palais par la police, le roi du Rwenzururu, Charles Wesley Mumbere, nie tout lien avec la milice séparatiste qui s'est battue contre les forces sécuritaires ougandaises. 

Selon la police, des combats ont éclaté le 26 novembre à Kasese lorsque des policiers ont été attaqués par des gardes du roi. La police affirme que ces gardes font partie d'une milice liée à un mouvement séparatiste. Les combats s'étaient poursuivis le 27 novembre dans certains quartiers de Kasese, puis s'étaient étendus en dehors de la ville. La violence s'était arrêtée lorsque la police avait pris d'assaut le palais du roi.

Interrogé par l'AFP, un porte-parole du royaume de Rwezururu, Clarence Bwambale, a assuré que le palais avait été «saccagé». «Nous ne connaissons pas le nombre de personnes tuées dans nos rangs parce qu'on nous a interdit l'accès au palais [...], mais nous avons perdu beaucoup de monde», a-t-il précisé. Le porte-parole ne s'est pas prononcé sur la responsabilité des combats et indiqué que le royaume, en tant qu'institution, «n'est pas prêt pour une déclaration».

Le bilan officiel du week-end meurtrier des 26 et 27 novembre est désormais d'au moins 87 morts, en majorité des gardes royaux. 139 gardes du roi ont par ailleurs été arrêtés lors des troubles. Une amnistie a néanmoins été décrétée par le président ougandais Yoweri Museveni pour tous ceux qui se rendraient aux autorités à partir du 30 novembre.

Le royaume du Rwenzururu est une monarchie traditionnelle, près des monts Rwenzori, à cheval sur la frontière entre l'Ouganda et la République Démocratique du Congo. La monarchie s'était transformée en mouvement indépendantiste en 1962. Les troubles avaient pris fin en 1982 avec le dépôt des armes par les militants séparatistes en échange d'une autonomie locale.

La reconnaissance officielle du royaume en 2009 par le président ougandais n'a pas suffi à mettre un terme au sentiment de déclassement des populations locales qui se frottent aux autorités de manière épisodique depuis 2014. 

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