Un vent de révolte semble souffler sur la Silicon Valley. Ils seraient «plusieurs dizaines» de salariés de Facebook, selon BuzzFeed News à s'être constitué en une task force chargée de réfléchir à l'influence qu'a eue Facebook dans l'élection de Donald Trump.
Aux Etats-Unis, des réseaux sociaux, tels Twitter et Facebook, mais aussi les moteurs de recherche comme Google, font l'objet de critiques virulentes, accusés d'avoir laissé se propager des «fausses informations» pendant la campagne électorale américaine.
Aussi, pour certains, et au premier chef les médias institutionnels qui se voient menacés et dont la crédibilité est entamée, le manque de contrôle sur l'information des géants de l'internet est la raison toute trouvée pour expliquer l'élection de Donald Trump.
Pourtant, le co-fondateur et patron de Facebook, Mark Zuckerberg, avait repoussé ces accusations, estimant que c'était une «idée plutôt fantaisiste» de croire que «les fausses nouvelles sur Facebook, qui représentent un très faible volume en contenu, ont influencé l'élection de quelque façon que ce soit».
Mais plus Mark Zuckerberg se défend, plus les médias mainstream y voient une preuve de déni. Ainsi, pour le New York Times, en restant droit dans ses bottes, «Monsieur Zuckerberg crée vraiment du tort à la démocratie américaine», avant d'ajouter : «Et même au monde entier».
C'est aussi l'avis de ce groupe d'employés qui contestent les propos de leur patron et répondent directement à Marc Zuckerberg : «Ce n'est pas une idée fantaisiste. Ce qui est fantaisiste, c'est qu'il vienne, comme ça, écarter le sujet. Alors qu'il sait très bien, comme tous ceux qui font partie de l'entreprise, que les fausses informations ont échappé à tout contrôle», a ainsi indiqué l'un des rebelles à BuzzFeed sous couvert d'anonymat. Ces derniers qui se seraient déjà réunis deux fois depuis l'élection de Donald Trump, «en secret» afin de ne pas s'exposer à des sanctions de leur hiérarchie.
Du côté des géants de l'internet, sous la pression des médias et d'une partie de l'opinion publique américaine, horrifiée par l'élection de Donald Trump, on a pourtant déjà pris des mesures. Google a annoncé son intention de revoir sa politique concernant sa régie et ses bandeaux publicitaires afin de priver de recette les sites considérés comme diffusant de «fausses informations». Et, ce 14 novembre 2016, la firme de Mountain View a amendé ses conditions d'utilisations afin de placer les «fausses nouvelles» dans la même catégorie que les contenus de nature illégale.
Reste à savoir comment tel ou tel site sera catalogué comme étant à la source ou relayant lesdites fausses informations. En janvier 2015, déjà, Facebook annonçait la mise en place d'une nouvelle fonctionnalité permettant aux utilisateurs de signaler des articles de leur fil ou des posts leur paraissant faux. Mais le système ne repose que sur la sagacité des internautes. En mai 2016, l'équipe se chargeant des «trending topics» avait été remerciée au profit d'un algorithme, de façon à éliminer le facteur humain. Il semble que l'algorithme miracle n'ait pas été en mesure d'empêcher l'accession au pouvoir du magnat de l'immobilier.
Mais, au-delà, étant donné les positions de quasi-monopole de ces géants de l'internet qui s'apprêtent à devenir les géants de l'information, et, alors que la presse traditionnelle décline, c'est peut-être la pluralité de l'information qui est en jeu. Lors de l'année 2016, quelque 194 médias américains sur 200 ont fait campagne plus ou moins explicitement pour Hillary Clinton.
Alexandre Keller