Arthur Sulzberger, directeur de la publication du New York Times, a promis que le quotidien de référence qui s'était engagé en faveur d'Hillary Clinton «réfléchirait» à sa couverture de l'élection de cette année en se «consacrant de nouveau» à informer sur l'Amérique et le monde «honnêtement».
Il s'interroge également sur l'incapacité des médias à prévoir la victoire du candidat républicain : «La personnalité non conventionnelle de Donald Trump nous a t-elle fait sous-estimer le soutien dont il bénéficiait parmi les électeurs américains ?», ajoutant que «les médias d’information ont échoué dans les grandes largeurs à comprendre ce qui était en train de se passer». Difficile en effet de se tromper davantage que le NYT qui quelques jours avant les élections, expliquait que la probabilité pour Hillary Clinton de gagner était de 86%.
La lettre de Sulzberger a été publiée alors que les réactions à l'égard des médias grand public se font de plus en plus acerbes. Liz Spayd, autre responsable du New York Times, s'en fait écho dans un article titré Vous voulez savoir ce que pense l'Amérique ? Essayez de demander qui fait la part belle au courrier des lecteurs. Elle met notamment en exergue une lettre qui résume succinctement le sentiment général : «Maintenant que le monde a été bouleversé [...] vous allez peut-être envisager de changer votre façon de fonctionner, au lieu de dire à vos lecteurs quoi et comment penser, vous allez essayer de comprendre ce qu'ils pensent réellement.»
Le NYT n'est pas le seul à ne pas avoir vu le mouvement de fond qui a poussé le magnat de l'immobilier vers la présidence des Etats-Unis. Pour Joe Scarborough, polémiste américain, les médias dans leur ensemble sont passés à côté du phénomène : «Les journalistes ont cessé d'être journalistes et sont devenus des cheerleaders. Ils sont devenus des gens avec une conclusion puis ont cherché des faits confirmant cette conclusion, montrant ainsi qu'Hillary avait 92%, 93%, 99,999% de chances de gagner.» Il ajoute qu'obsédés par l'accomplissement de leurs propres prophéties, «Donald Trump ne pouvait pas gagner. Ils n'ont pas fait leur travail».
Le mea culpa du NYT intervient alors que les revenus publicitaires du journal papier ont chuté de 18,5% au premier semestre 2016.