«Supprimer la perspective d’atteindre la côte européenne par la mer pourrait convaincre les migrants d’éviter un voyage coûteux et périlleux», avance une porte-parole du ministère allemand de l’Intérieur, cité par Welt am Sonntag. «L’objectif est d’éliminer la base du trafic d'êtres humains et de sauver des migrants d’un voyage qui met leur vie en péril», explique la représentante du ministère.
Selon Welt am Sonntag, l'édition dominicale du quotidien allemand Die Welt, le ministère propose ainsi d'intercepter les migrants en Méditerranée lors de leur voyage vers l'Europe et de les renvoyer en Tunisie, Egypte ou d’autres pays d’Afrique du Nord, d'où ils devront demander l’asile européen. Si ces demandes d’asile sont acceptées, les migrants seront alors prises en charge et transportées en Europe, assure le ministère allemand de l'Intérieur, qui se serait inspiré de l’exemple australien. Dans ce système, les migrants sont captés en haute mer et sont envoyés dans des camps de pays tiers.
Bien que cette proposition de l'Allemagne ne soit pas encore discutée au niveau de l’Union européenne, des politiciens de l’opposition ont déjà condamné ce projet. Ainsi, le chef du parti d’opposition Die Linke Bernd Riexinger a confié à Welt am Sonntag que cette mesure serait «un scandale humanitaire et un pas en avant vers la suppression du droit d’asile». Selon lui, le traitement australien des migrants est «absolument illégal» et les demandes d’asile doivent être déposées en Allemagne pour que les requérants puissent recevoir une aide juridique.
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Le ministre allemand de l’Intérieur Thomas de Maizière avait déjà exprimé une idée similaire. Le 13 octobre, lors d'une réunion avec ses homologues européens à Luxembourg, il avait déclaré : «Les personnes qui sont sauvées en Méditerranée devraient être ramenées dans des installations d'hébergement sûres en Afrique du Nord. Là-bas, leur besoin de protection serait vérifié et nous mettrions en place un mécanisme de réinstallation en Europe avec des quotas généreux, répartis équitablement entre pays européens.»
Cette proposition du ministre allemand contredit cependant la politique de porte ouverte à l'immigration promue par Angela Merkel, qui a permis l'entrée de plus d'un million de migrants dans le pays en 2015. Cet énorme afflux migratoire a provoqué de vives critiques envers la chancelière et la percée du parti anti-immigration AfD (Alternative pour l'Allemagne) lors des élections régionales de septembre.
Angela Merkel a admis des erreurs dans sa politique migratoire mais n’entend malgré tout pas y renoncer. Ainsi, en septembre dernier, elle a déclaré en parlant de la politique migratoire : «Je considère que les décisions que nous avons prises sont les bonnes.»