«Je suis en colère. Je suis en colère parce que je suis effrayée. Et si vous êtes une femme, vous devriez l'être également. L'"Emailgate" est une "chasse à la salope" et sa cible n'est pas Hillary Clinton, mais nous autres, les femmes». Pour la professeur en linguistique de l'université de Californie Robin Lakoff, l'objectif véritable des investigations menées par le FBI à l'encontre d'Hillary Clinton ne fait aucun doute : punir une femme qui ose prétendre à de hautes responsabilités.
L'argument, pour le moins capillotracté, est exposé noir sur blanc par l'universitaire dans une tribune publiée le 31 octobre dans le Washington Times : «L'unique raison pour laquelle toute cette affaire de mails a persisté est parce que la candidate [démocrate] est une femme». Plus précisément, l'auteur de la tribune affirme – sans ironie – que l'agence gouvernementale s'acharne contre Hillary Clinton car celle-ci a brisé les normes patriarcales, en prenant en charge la communication d'une haute administration par l'envoi de courriels lorsqu'elle était secrétaire d'Etat... et non, donc, parce qu'elle aurait compromis des données confidentielles en utilisant un serveur de messagerie et un réseau privés ! «S'il s'était s'agissait d'un homme, il n'y aurait eu ni réprimande ni "scandale" !», ose même avancer Robin Lakoff.
Une théorie qui a fait des émules, et notamment l'écrivain Joyce Carol Oates, qui, rapporte le Washington Times, a ni plus ni moins qualifié l'enquête du FBI de «sexiste».
Personne n'utilise un serveur privé pour des activités officielles
Cette lecture d'une focalisation sur le sexe de l'ex-première dame américaine est balayée d'un revers de main par Charles Faddis, un ancien responsable de la CIA disposant de 20 ans d'expérience dans les services de renseignement : «Personne n'utilise un serveur privé pour des activités officielles», tranche le spécialiste dans une tribune publiée dans le journal américain The Hill du 30 octobre. Avant de poursuivre : «Si vous avez introduit des informations classifiées dans un réseau non-classifié, vous avez fait quelque chose d'extrêmement grave».
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L'«Emailgate» fait son retour à quelques jours de l'échéance présidentielle
La fameuse affaire des courriels d'Hillary Clinton est venue empoisonner la dernière ligne droite de la campagne de la candidate démocrate. Le 28 octobre, le FBI a fait savoir qu'il allait rouvrir l'enquête – close en juillet – sur l'utilisation d'une adresse mail et d'un serveur de messagerie privés par Hillary Clinton, alors qu'elle occupait le poste de secrétaire d'Etat entre 2009 et 2013. L'agence gouvernementale avait indiqué avoir «appris l'existence de [nouveaux] mails qui paraiss[aient] pertinents», et souhaitait déterminer s'ils comportaient «des informations classifiées».
Une aubaine pour Donald Trump, le concurrent Républicain d'Hillary Clinton, qui accusait jusqu'alors le coup dans les sondages, à quelques jours de l'élection présidentielle du 8 novembre.