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Quand un grand magazine allemand défend son point de vue sur l'Irak avec une vidéo... de Daesh

Mauvaise pioche : afin de démontrer que la situation à Mossoul n'était pas aussi mauvaise que celle à Alep, un responsable de la version en ligne du Spiegel s'est appuyé sur une vidéo de propagande de l'Etat islamique.

Les nombreux lecteurs du Spiegel qui reprochent à celui-ci de traiter de manière partiale les conflits syrien et irakien ne risquent pas de changer d'avis... Dans une vidéo de près de quatre minutes publiée la semaine dernière, le directeur du service politique de la version en ligne du magazine – l'un des principaux hebdomadaires d'Allemagne – a tenté d'expliquer d'une manière plus que maladroite ce qui distinguait la situation à Alep (où des rebelles islamistes combattent l'armée syrienne soutenue par la Russie) et à Mossoul (où l'armée irakienne aidée par la coalition internationale menée par les États-Unis affronte les djihadistes de l’État islamique).

«Encore et encore, les lecteurs nous ont accusé de présenter le siège d'Alep comme "mauvais", et celui de Mossoul comme "bon". Ce n'est pas juste», regrette Christoph Sydow. Alep-Est, poursuit le journaliste, a été coupé du monde : les gens sont affamés, n'ont plus accès à l'eau ni à l'électricité. Tandis qu'à Mossoul, affirme-t-il, les habitants disposent d'eau, d'électricité et de nourriture en quantité suffisante. Pour appuyer ces propos, le responsable éditorial se réfère à des images tournées dans la ville irakienne assiégée.

Manque de chance : cette vidéo, selon le BILDblog (dépendant du quotidien allemand Bild), n'est autre qu'un outil de propagande... de l’Etat islamique ! Le groupe djihadiste aurait en effet diffusé ce film quelques jours plus tôt, afin de donner l'impression que les habitants de Mossoul vivaient encore un quotidien tout à fait ordinaire. Or, souligne le groupement de radios régionales allemandes ARD : «En réalité, il manque de l'eau, de la nourriture, des médicaments et de l'électricité [à Mossoul]. C'est ce que les habitants de Mossoul racontent à leurs proches lors de leurs appels téléphoniques secrets».

Témoin de l'origine djihadiste de la vidéo : dans le coin en haut à droite de celle-ci apparaît le logo d'Amaq, l'agence de presse exploitée par Daesh...

Face à ces accusations et cette preuve accablante, le Spiegel Online a finalement tenu à admettre son erreur. Dans un tweet du mercredi 26 octobre, celui-ci a en effet affirmé : «Il s'agissait d'une erreur, la source du document n'était pas indiquée. Elle est à présent corrigée». Mieux vaut tard que jamais.

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