Profiter d’une formation au pays de l’Oncle sam pour disparaître et tenter de vivre le rêve américain ? Selon le Pentagone, c’est bien la technique qu’ont pu employer plusieurs dizaines de soldats afghans ces deux dernières années. Les autorités américaines en ont dénombré 44 qui se sont simplement volatilisés alors qu'ils étaient censés participer à des formations militaires.
Le nombre d’individus concernés fait penser à un épiphénomène au regard des quelques 2 200 soldats afghans qui ont reçu un entraînement de l’armée américaine aux Etats-Unis depuis 2007. Reste que du côté de Washington, ces incidents soulèvent des questions. Et l’embarras. L’administration Obama a dépensé des milliards de dollars pour entraîner les troupes afghanes en vue du désengagement de l’armée américaine d’un conflit extrêmement coûteux qui dure depuis une quinzaine d’années. Le fait de savoir que certains des protégés de Washington se volatilisent dans la nature fait tache. Qui plus est sur son propre territoire.
En pleines élections
L’affaire pourrait également servir d’argument politique au camp républicain. Donald Trump a critiqué à plusieurs reprises le laxisme dont ferait preuve l’administration actuelle au regard du contrôle des immigrants issus de pays musulmans. Contrôles que le milliardaire a promis de durcir fortement s'il était élu.
Les Afghans ne sont pas les seuls en cause. Des individus originaires d’autres nations ont déjà profité d’une formation militaire pour disparaître, a confié un officiel de la Défense américaine à Reuters. Il a cependant souligné que la fréquence à laquelle les Afghans prenaient la poudre d’escampette «sortait de l'ordinaire».
Pour les autorités américaines, la raison de ces désertions en série est simple : l’envie de rentrer dans la clandestinité et de travailler illégalement aux Etats-Unis pour éviter de rentrer en Afghanistan.
La crainte d’infiltrations par les Talibans
Depuis le mois de septembre, huit soldats afghans ont quitté les bases militaires américaines sans autorisation, rapporte Adam Stump, porte-parole du Pentagone. Il assure que sa hiérarchie réfléchit au problème : «Le ministère de la Défense évalue les moyens de renforcer les critères d’admissibilité pour les formations d’une manière qui permette de réduire la probabilité qu’un individu s’absente sans permission.»
Actuellement, les autorités américaines s’assurent déjà que les heureux élus n’ont pas commis de violations des droits de l’Homme et qu'ils n’appartiennent pas à des groupes terroristes.
La situation est d’autant plus sérieuse que l’armée afghane a déjà été infiltrée par les talibans par le passé. Si le phénomène a souffert du durcissement des mesures de sécurité, des soldats afghans et américains ont déjà été victimes des attaques de ces agents doubles. Par ailleurs, en janvier 2012, quatre militaires français avaient été abattus par un individu que le ministre de la Défense de l'époque, Gérard Longuet, avait présenté comme «un taliban manifestement infiltré depuis longtemps [dans les rangs de l'armée afghane]».
Washington a déboursé pas moins de 60 milliards de dollars depuis 2002 afin d’entraîner et d’équiper les troupes afghanes. Une orgie de liquidités qui a débouché sur un échec. Selon Reuters, les estimations actuelles montrent que les talibans contrôlent plus de territoires qu’en 2001, moment de l’invasion du pays par les Etats-Unis.