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Le Congrès américain fustige le veto d'Obama sur la loi autorisant à poursuivre Riyad pour le 11/09

Le président américain Barack Obama a opposé le 23 septembre son veto à une loi qui autoriserait les proches des victimes du 11-Septembre à poursuivre l'Arabie saoudite, engageant sur ce dossier sensible un bras de fer périlleux avec le Congrès.

Si Barack Obama a souhaité exprimé sa «profonde sympathie» pour les victimes en affirmant comprendre leur «désir de justice», le président américain a toutefois souligné que cette loi «aurait un impact néfaste sur la sécurité nationale des Etats-Unis». 

Une décision diplomatique

La Maison Blanche estime que le texte affaiblirait le principe d'immunité qui protège les Etats (et leurs diplomates) de poursuites judiciaires et risque d'exposer les Etats-Unis à des poursuites devant divers tribunaux à travers le monde.

Mais les défenseurs du «Justice Against Sponsors of Terrorism Act» (JASTA) insistent sur la nécessité pour les victimes des attentats du 11-Septembre de pouvoir réclamer justice et affirment que l'opposition de l'administration Obama est avant tout liée à la crainte de provoquer la colère de Riyad.

«Les familles [des victimes] sont scandalisées et très déçues» par la décision du président Obama, a déclaré à l'AFP Terry Strada, dont le mari, Tom, a été tué dans le World Trade Center où il travaillait.

Le candidat républicain Donald Trump, qui répète à l'envi que le président démocrate et sa rivale démocrate Hillary Clinton manquent de poigne dans la lutte contre le terrorisme, a immédiatement dénoncé cette décision.

«Que le président Obama puisse empêcher les parents, les épouses et les enfants de ceux que nous avons perdus (...) de refermer ce douloureux chapitre de leurs vies est une honte», a-t-il affirmé.

Si les deux tiers des élus se rassemblent derrière le texte, ils pourront surmonter le veto de Barack Obama et la loi entrera alors en vigueur. Cela représenterait en quelque sorte une défaite pour le président américain, à quelques mois de son départ. Depuis son arrivée au pouvoir en 2009, il n'est jamais arrivé que son veto soit rejeté.

L'exécutif américain est donc à la manœuvre sur Capitol Hill, en particulier auprès des représentants démocrates, pour s'assurer que le cap fatidique ne soit pas atteint.

Il dénonce les petits calculs politiques des élus qui expriment «en privé» des réserves sur les dangers du texte mais votent pour, les yeux rivés sur les élections du 8 novembre, lors desquelles une partie du Congrès sera renouvelé, en même temps qu'aura lieu le scrutin présidentiel.

«Les saoudiens doivent rendre des comptes»

Chuck Schumer, sénateur démocrate de New York, a immédiatement regretté une décision «décevante» de la part du président, prédisant qu'elle serait rapidement rejetée par le Congrès.

«Si les Saoudiens n'ont rien fait de mal, ils ne devraient pas craindre cette loi. S'ils portent une responsabilité dans les attentats du 11-Septembre, ils devraient rendre des comptes», a-t-il estimé. «La justice pour ces familles ne devrait pas être jetée aux orties pour des raisons diplomatiques».

Hillary Clinton, qui espère bien l'emporter dans l'Etat de New York dont elle fut sénatrice, a fait savoir par son équipe qu'elle aurait signé cette loi.

«[Hillary] Clinton continue de soutenir les efforts déployés par le sénateur [Chuck] Schumer et ses collègues au Congrès pour assurer la capacité des familles des victimes du 11-Septembre et toutes les autres victimes du terrorisme de faire payer les responsables», a déclaré Jesse Lehrich, un porte-parole de la candidate démocrate. «Si la loi parvenait sur son bureau, elle la voterait», a-t-il déclaré. 

Le texte a suscité une levée de boucliers dans les monarchies du Golfe qui ont mis en garde contre «un grave précédent». Ces dernières entretiennent des relations déjà tendues avec l'administration Obama, à qui elles reprochent notamment son rapprochement avec L'Iran, le grand rival chiite de Riyad. D'ailleurs, en coulisses, l'Arabie saoudite s'active pour empêcher le passage de cette loi. 

La Maison Blanche assure elle, que son inquiétude ne se limite pas à l'impact que cela pourrait avoir sur sa relation avec la monarchie sunnite «mais avec tous les pays du monde». Et met en avant les inquiétudes de nombre de haut responsables américains des deux bords.

Le porte-parole de la Maison Blanche et président de la Chambre des représentants des Etats-Unis, le républicain Paul Ryan, a déclaré le 21 septembre : «Je ne pense que les votes sont là pour le remplacement.» Il a également exprimé ses doutes quant à la législation, affirmant être inquiet au sujet des possibles poursuites contre les Etats-Unis.

«Je m'inquiète des questions juridiques», a déclaré Ryan. «J'ai bien peur que nous soyons dans une situation où certains avocats tentent d'en tirer profit personnellement pour s'enrichir. Dans le même temps, les victimes doivent pouvoir être entendues par le tribunal.»

Dans une lettre adressée aux élus, l'ancien ministre de la Défense William Cohen et l'ancien patron de la CIA Michael Morell, ont ainsi souligné combien une telle loi pourrait placer les Etats-Unis dans une position délicate.

«Nos soldats, nos diplomates et tous les employés du gouvernement américain travaillant à l'étranger pourraient se retrouver visés par des poursuites judiciaires dans d'autres pays», écrivent-ils.

Quinze des 19 auteurs des attentats du 11-Septembre étaient saoudiens mais l'implication de l'Arabie saoudite, alliée des Etats-Unis, n'a jamais été démontrée.

Indignation des «Américains lambda»

La décision présidentielle d'opposer son veto à la loi a également touché les citoyens américains, dont beaucoup ont déploré la démarche de Barack Obama, notamment via les réseaux sociaux. Et ils semblent rejoindre la position des politiques par rapport aux sanctions judiciaires qu’encourraient les Etats-Unis dans d'autres pays si la loi passait.

«Je pense qu'il [Barack Obama] a peur que d'autres pays puissent nous poursuivre en justice. Mais ce n'est absolument pas logique, nous ne sommes pas des sauvages, nous n'avons jamais fait et ne ferons jamais ce qu'ils [l'Arabie saoudite] nous ont fait le 11-Septembre», a déclaré @DebraMax dans une vidéo-réaction sur Twitter.

Un autre utilisateur de Twitter, le sheriff Paul Babeu, se dit persuadé que la décision du président Obama, «montre clairement qu'il est l'allié des Saoudiens». L'homme appelle notamment à signer une pétition revendiquant le droit des familles des victimes de poursuivre l'Arabie saoudite en justice. 

«Obama donne son veto sur la loi autorisant les familles des victimes du 11-Septembre à poursuivre l'Arabie saoudite, mais dans le même temps, il offre 38 milliards de dollars à Israël [pour acheter des armes américaines]», s'indigne @annaleclaire, rappelant qu'Israël va recevoir la plus grande aide financière américaine de l’histoire des Etats-Unis.

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