L'«Overseas Development Institute» (ODI), un think tank britannique spécialisé dans l'analyse des flux migratoires, a constaté qu'environ 60% des migrants arrivant en Europe 2016 devraient utiliser des moyens secrets et/ou illégaux, tels que des faux passeports, des dépassements de délais de visas et le transport clandestin à bord de véhicules de transport, contre 35% en 2015.
Dans un rapport publié avant le sommet des Nations unies pour les réfugiés et les migrants qui débutera le 19 septembre à New York, le think tank britannique a déclaré que 330 000 personnes devraient arriver en Europe en 2016 par la mer, généralement par la Méditerranée, contre 1,1 millions en 2015.
L'ODI a indiqué que ce chiffre pouvait laisser penser aux décideurs européens que la crise migratoire est en train d'être endiguée. Mais ce serait une idée trompeuse parce que ces chiffres ne tiennent pas compte des migrants entrant clandestinement sur le continent.
«Alors qu'en surface, le nombre de réfugiés arrivant en Europe a diminué, le nombre de ceux qui prennent des routes cachées à travers l'Europe n'a pas changé et est même susceptible d'augmenter», explique Marta Foresti, auteur du rapport dans un communiqué.
«Ces routes clandestines peuvent être plus dangereuses et rendre plus difficile pour les gouvernements de surveiller les flux migratoires et d'y apporter une réponse efficace», ajoute-t-elle.
Depuis 2014 les pays européens se sont engagés à dépenser 1,7 milliard d'euros pour le renforcement des contrôles aux frontières, avec notamment un plan britannique de construction d'un mur le long de la route jouxtant le port français de Calais pour empêcher les migrants de s'introduire clandestinement à bord de camions faisant la liaison entre les deux côtés de la Manche.
Plus de 15 milliards d'euros ont en outre été dépensés dans le cadre d'accords bilatéraux, tels que l'accord UE-Turquie visant à réduire le nombre de migrants voyageant depuis la Turquie vers l'Europe.
«Le débat public se concentre habituellement sur les coûts de gestion du flux migratoire, mais pas sur sa réduction», a déclaré Marta Foresti à Reuters.
Alors que les contrôles aux frontières et les accords bilatéraux peuvent être efficaces dans la réduction des flux le long d'un itinéraire spécifique à court terme, ils ne semblent pas, sur le long terme, dissuader les gens d'immigrer : «Ils prennent tout simplement d'autres voies», explique Marta Foresti.
«Contrairement à ce que nous voyons dans toute l'Europe, l'augmentation des voies légales est le seul moyen de prédire les flux et prendre des décisions pragmatiques sur la façon de mieux gérer les migrations», conclut-elle.