C'est une mise en abyme surprenante mais c'est aussi, peut-être, un pied de nez du réalisateur aux Etats-Unis. Bien que le personnage d'Edward Snowden soit incarné par l'acteur Joseph Gordon-Levitt («Inception», «Batman»), Oliver Stone a tenu à ce que le vrai Edward Snowden apparaisse lui-aussi dans son dernier film controversé : «Snowden». On ne sait pas si ce dernier se prêtera à un caméo, où s'il incarnera un second rôle, mais on sait que Joseph Gordon-Levitt et Edward Snowden en chair et en os seront réunis dans une seule et même scène.
«Nous avons surtout tourné à Munich, Hawaii, Hongkong et Washington, des lieux où il [Edward Snowden] ne pouvait pas se rendre» sans prendre le risque de se faire arrêter, a indiqué l'un des producteurs du film. Aussi, l'équipe de tournage a mis à profit une journée de tournage à Moscou pour tourner des images où figurera le lanceur d'alerte américain, ancien employé de la NSA qui avait dénoncé les écoutes massives de la population, déclenché un scandale mondial, et pris la fuite lors d'une cavale rocambolesque, poursuivi par les services spéciaux américains.
Et les autorités américaines, précisément, n'apprécient pas du tout la sortie du film biographique consacré au lanceur d'alerte qu'elles considèrent comme un «traître». Aussi Judicial Watch, l'organisme gouvernemental de surveillance américain, a accusé Oliver Stone et les sociétés de production hollywoodiennes du film de violer les lois antiterroristes, prenant pour argument que le réalisateur tirait profit de la «trahison» du lanceur d'alerte. Afin de rendre possible le film, Oliver Stone s'est lui-même mis en délicatesse avec les autorités américaines en rencontrant Edward Snowden plus d'une dizaine de fois, et ce dans des endroits tenus secrets.
Des bâtons dans les roues
Oliver Stone a eu toutes les difficultés du monde à mener son projet à bien, et convaincre des producteurs américains frileux. Aussi le bouclage du budget (50 millions de dollars) a-t-il été un parcours du combattant pour le plus controversé des réalisateurs américains. Oliver Stone, s'est par le passé attelé à revisiter les versions officielles de l'assassinat du président Kennedy («JFK», 1991) ou encore à remettre en question le «storytelling» des gouvernements et médias occidentaux avec le documentaire «Ukraine on fire» (2016) dénonçant l'implication des services secrets américains et l'instrumentalisation des groupuscules néo-nazis dans le déclenchement de la guerre civile en Ukraine.
La dernière charge en date d'Oliver Stone contre la politique américaine, «Snowden», doit sortir dans les salles le 16 septembre aux Etats-Unis et le 2 novembre en France.