Jesse Morton était auparavant connu sous le nom de Younus Abdullah Muhammad, lorsqu'il était recruteur pour al-Qaïda. Aujourd'hui, il apporte une «perspective unique» sur le travail du contre-terrorisme affirme Seamus Huges, vice-directeur des recherches sur l'extrémisme à l'université de George Washington.
«Nous n'avons pas encore réussi à savoir comment atteindre la personne qui s'engage sur la voie de la radicalisation», a déclaré Seamus Huges. «Jesse a été dans ce monde et en est sorti».
Avant de prendre sa décision, le vice-directeur a tout de même demandé confirmation au FBI et aux avocats qui avaient poursuivi Jesse Morton, s'ils étaient sûrs qu'il était bien définitivement «désintoxiqué» de l'idéologie islamiste.
Pour Nadia Oweidat, membre du think tank New America, il est important de recruter d'anciens extrémistes, dans l'espoir de pouvoir éviter des massacres. «Les déserteurs sont notre plus grand trésor […] Ils savent comment on entre et comment on sort», affirme-t-elle.
Jesse Morton avait créé un groupe islamiste en 2008, et félicité Nadal Hassan – auteur d'une attaque qui a fait 13 morts à Fort Hood au Texas en 2009 – en le qualifiant de «gentleman». «Les Américains seront toujours une cible légitime jusqu'à ce que l'Amérique change sa nature sur la scène internationale», avait-il déclaré à CNN à l'époque.
Mais sa rencontre avec des musulmans laïques au Maroc a instillé le doute en lui. Il était néanmoins trop tard, et il a été rattrapé par son passé djihadiste. Extradé vers les Etats-Unis, il a été condamné à 11 ans de prison pour avoir menacé les producteurs de South Park.
Ce passage en prison lui a permis de lire Jean-Jacques Rousseau, ou encore John Locke. La lecture du Contrat Social lui a donné la possibilité de voir la «valeur de la démocratie», tandis que John Locke lui a apporté «la tolérance», poursuivant ainsi son émancipation de l'extrémisme. La rencontre avec un agent du FBI plus à l'écoute lui permettra finalement de «s'ouvrir», et de ne passer que trois ans en prison avant d'être relâché en février 2015, et d'aider les services fédéraux sur certaines affaires sensibles.
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