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Les Etats-Unis de plus en plus embarrassés par le paiement de 400 millions en cash à l'Iran

L'envoi par avion cargo de l'équivalent de 400 millions de dollars à l'Iran le même jour que la libération de quatre Américains le 17 janvier dernier n'était qu'une simple coïncidence. Mais de nouveaux éléments indiquent un timing très minutieux.

Pour les Etats-Unis, les 400 millions de dollars envoyés par palettes de billets à l'Iran n'étaient qu'un premier paiement de l'amende de 1,7 milliard de dollars infligée aux Etats-Unis par la cour pénale de La Haye pour n'avoir pas honoré un contrat d'armement datant de 1979, avant la chute du Shah et la prise du pouvoir par l'ayatollah Khomeini, «Guide de la révolution islamique». Et toujours selon les autorités américaines, les deux affaires – la libération de prisonniers en Iran et le transfert d'argent – sont disjointes car négociées indépendamment par «deux canaux diplomatiques différents».

Un échange prisonniers contre palettes de billets très synchrone...

Mais de nouveaux détails donnés par le Wall Street Journal indiquent que la «coïncidence» a été pour le moins minutieusement chronométrée et orchestrée. Ainsi, l'un des prisonniers restitués aux Etats-Unis, Saïd Abedini, a indiqué que lui et un autre prisonnier avaient été retenus dans l'aéroport international Mehrabad à Téhéran. Un officier du renseignement iranien supervisant la libération aurait alors expliqué à Abedini que le décollage de son avion de retour – un avion de l'armée suisse – dépendait de l'arrivée d'un autre avion en provenance de Genève. Or, il s'avère que le cash a été chargé à bord d'un avion cargo de l'Iran Air. Et un autre responsable américain admet que «la priorité numéro un était de faire rentrer les Américains à la maison».

Les sanctions contre Iran Air levées la veille de la libération

D'autre part, le Trésor américain a levé des sanctions contre la compagnie Iran Air un jour seulement avant le transfert des 400 millions de dollars en cash et la libération des prisonniers, alors que le transfert était assuré par un avion cargo de l'Iran Air. Les sanctions avaient été décidées par l'administration sur la base d'accusations selon lesquelles la compagnie aérienne aurait, par le passé, convoyé des armes à destination des Gardiens de la Révolution islamique (GRI), l'organisation paramilitaire dépendant directement du Guide de la révolution, à savoir le chef de l'Etat iranien. Il n'est pas possible d'écarter que les GRI, qui ont tout pouvoir en Iran et ont souvent pris le contrôle de vols d'Iran Air, n'aient pris possession du cash. 

Si les autorités américaines ont par ailleurs confirmé avoir payé le reliquat du 1,7 milliard de dollars dûs à l'Iran, elles se retranchent dans un silence de plus en plus gêné et refusent de préciser comment et sous quelle forme le paiement a été fait, alors qu'il n'existe aucune relation bancaire entre les deux pays en raison des sanctions. Un porte-parole du département d’Etat a même refusé de divulguer la date du versement de cette somme.

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