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Le sommet de l’OTAN s’ouvre en Pologne sur fond de divisions sur le cas de la Russie

Varsovie accueille les représentants des pays de l’Alliance atlantique du 8 au 9 juillet. Le renforcement sans précédent de leur force à l’est de l'Europe doit être entériné. Mais l’attitude à adopter vis à vis de Moscou divise.

«Notre position est claire. L'OTAN ne cherche pas la confrontation, nous ne voulons pas d'une nouvelle Guerre froide.» A écouter Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’organisation, la position de l’Alliance est limpide. Mais la réalité est plus complexe.

Le 8 juillet s’ouvre à Varsovie un sommet crucial pour les membres de l’OTAN et l’avenir de l’Europe. La rencontre devrait valider le plus vaste déploiement de troupes à l'Est depuis la Guerre froide. Environ 4 000 soldats seront déployés dans les pays Baltes et la Pologne pour contrer une éventuelle «menace russe».

Du côté de Moscou on voit cette démonstration de force d’un mauvais œil. Au sein de l’Alliance, les nations sont divisées entre partisans du dialogue avec la Russie et amateurs d’une ligne plus dure.

Merkel joue l’ouverture

Les jours qui ont précédé la réunion de Varsovie ont vu de nombreuses personnalités s’exprimer. Jens Stoltenberg, patron de l’organisation otanesque, a tenu à adoucir sa communication vis à vis de Moscou, après des mois d’une posture ferme. «Nous continuerons à chercher un dialogue constructif avec la Russie», a-t-il assuré en marge du sommet de la capitale polonaise.

Quelques jours auparavant, c’était Angela Merkel qui faisait un pas en direction du Kremlin. Alors qu’elle s’exprimait devant le parlement allemand le 7 juillet, la chancelière a souligné qu’une «sécurité durable en Europe ne peut être faite qu’avec la Russie et non sans elle». «Dissuasion et dialogue, un engagement clair en faveur de la solidarité envers nos partenaires de l'Alliance [...] et main tendue pour le dialogue. Ce ne sont pas des éléments contradictoires, ils sont au contraire indissociables», a-t-elle soulignée.

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Mais à l’image de certains de ses alliés, elle a également rappelé son soutien à l’Ukraine dans le conflit qui oppose le pays aux combattants pro-russes à l’Est : «Les agissements de la Russie dans la crise ukrainienne ont profondément ébranlé nos alliés à l'Est, lorsque la prévalence du Droit et l'inviolabilité des frontières sont remis en cause par des mots et des actes, alors la confiance diminue.»

Le rattachement de la Crimée à la Russie dans le cadre du conflit ukrainien est à la base de la rhétorique otanienne sur l’existence d’une «menace russe». Menace qui justifierait l’augmentation des troupes de l’organisation à l’Est afin de protéger ses membres.

Obama sort les griffes

Barack Obama, qui participe à son dernier sommet du genre en tant que président s’est fendu d’une tribune offensive publiée par le Financial Times à la veille du sommet. «A Varsovie, nous devons réaffirmer notre détermination, notre devoir suivant l'article 5 du Traité de l'Atlantique Nord, de défendre tout allié de l'OTAN», a-t-il déclaré.

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Selon lui, «l’agression russe contre l’Ukraine» menace «notre vision d’une Europe unie, libre et pacifique». Il appelle ainsi à «renforcer la défense» de ses alliés en Europe centrale et orientale et à «renforcer la dissuasion et consolider» la capacité de l’OTAN à «résister aux nouvelles menaces y compris les attaques cybernétiques».

Antoni Macierewicz, ministre de la Défense polonais, va plus loin. «La Russie doit cesser de menacer la Pologne, les pays européens et d'autres pays dans le monde !», a-t-il lancé le 4 juillet devant un parterre de journalistes.

A Moscou, on juge «absurde» que l’OTAN parle de «menace russe». Le Kremlin a déclaré le 8 juillet qu’il espérait que le sommet de l’Alliance atlantique soit dominé par «le bon sens». Le tout en rappelant que la Russie restait ouverte au dialogue.

Le 13 juillet, se tiendra une réunion entre représentants russes et otanesques au siège de l’Alliance à Bruxelles. L’Ukraine et les décisions prises lors du sommet de Varsovie seront au cœur des débats.

Alliance UE-OTAN et déploiement américain en Pologne

Si le sommet de Varsovie se termine samedi. La première journée s'est montrée riche d'enseignement. La coopération entre Union européenne et OTAN, déjà effective sur bon nombre de dossiers, va passer un cap. Le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg, le président du Conseil de l’UE Donald Tusk et le chef de la Commission européenne Jean-Claude Juncker ont signé une déclaration commune de coopération afin de faire face «aux nouveaux défis».

Et, là encore, la Russie n'est jamais loin. «Nous avons une position commune sur la Russie : l’UE a imposé des sanctions économiques, l’OTAN a procédé au renforcement de la défense collective après la fin de la guerre froide, le plus important depuis la guerre froide», a expliqué Jens Stoltenberg. 

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Mais c'est bien l'hypothèse d'un développement commun au niveau de la défense qui retient l'attention. Les deux blocs entendent même développer leur industrie de défense des deux côtés de l'Atlantique. Le 29 juin, un rapport intitulé Stratégie globale de l’Union européenne indiquait que les Européens se devaient de favoriser l'indépendance militaire vis à vis de l'OTAN. On est en est loin. 

Lors de son intervention, le président François Hollande a tenu à jouer l'apaisement avec Moscou. La Russie n'est «pas un adversaire, pas une menace» selon le locataire de l'Elysée. 

«La Russie est un partenaire qui, c'est vrai, peut parfois, on l'a vu en Ukraine, utiliser la force. Nous l'avons condamné quand il s'est agi de la Crimée et nous cherchons [...] à trouver une solution pour la crise en Ukraine», a-t-il ajouté.

Comme prévu, Barack Obama a de son côté confirmé l'envoi de 1 000 militaires américains en Pologne «côte à côté avec les soldats polonais». Les quatre bataillons multinationaux qui seront déployés en Pologne et dans les pays Baltes compteront entre 600 et 1 000 soldats. Les Etats-Unis, l'Allemagne, le Royaume-Uni ainsi que le Canada, qui a déjà annoncé l'envoi de 1 000 de ses militaires en Lettonie, fourniront la majeure partie des effectifs.