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Après plus de 50 ans, un présumé survivant américain d'Auschwitz reconnaît avoir tout inventé

Joseph Hirt, un habitant d’Adamstown de 91 ans en Pennsylvanie, qui a voyagé à travers le pays pour raconter son évasion d’Auschwitz alors que son corps ressemblait à un «squelette de 28 kg recouvert de peau» a avoué qu’il avait menti.

Partout aux Etats-Unis, Joseph Hirt était reconnu comme une victime de l'Holocauste. Pendant des dizaines d’années, celui qui est aujourd’hui un vieillard de 91 ans avait donné de conférences et effectué des présentations dans les universités et les écoles américaines. Il y racontait comment il avait réussi à s’échapper d’Auschwitz, le tristement célèbre camp d’extermination construit par les nazis, passant sous des fils barbelés, ou comment il avait rencontré le docteur Josef Mengele, qui menait des expériences médicales sur les détenus. Mais aujourd’hui, il a enfin admis qu’il avait tout inventé, s’excusant publiquement auprès ceux à qui son histoire pourrait nuire.

«Je ne voulais pas minimiser l’importance des événements qui avaient effectivement eu lieu là-bas en prétendant y avoir pris part. Je n'étais pas prisonnier là-bas. Ce n'était pas mon intention de cacher ce qui a vraiment eu lieu. J'ai été dans l'erreur», a-t-il déclaré en soulignant qu’il voulait seulement que les Américains connaissent les crimes des nazis, redoutant que le souvenir de ces atrocités ne disparaisse avec le temps.

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C’est un professeur d’histoire à Turin, Andrew Reid, qui a décelé des «incohérences» dans le récit de Joseph Hirt. Le 15 avril, il assistait à une conférence à New-York où Joseph Hirt racontait son histoire. Etant donné que les noms des victimes des camps de concentration sont publics, le professeur y a cherché celui de Joseph Hirt. Comme il ne l’a pas trouvé, il s’y est donc intéressé plus en détail.

Lors de son intervention à New-York, Joseph Hirt a montré le numéro de prisonnier tatoué sur le haut de son avant-bras. Le professeur d’histoire, qui écoutait attentivement, a remarqué que Joseph Hirt déclarait avoir été capturé par les nazis, déporté à Auschwitz en 1941 avant de parvenir à s’échapper du camp de concentration en 1942, le 31 mars exactement, jour de l’anniversaire de son père.

Mais d’après les responsables du Musée National d’Auschwitz-Birkenau, le numéro de prisonnier tatoué sur le haut de l’avant-bras de Joseph Hirt correspond à celui d’un Polonais arrivée à Auschwitz en 1944.

Le site du musée américain de l’Holocauste a également fait remarquer que la méthode de tatouage au niveau de la face interne du haut de l’avant-bras gauche des prisonniers d’Auschwitz, là où se trouve celui de Joseph Hirt, n’était entrée en vigueur qu’en 1943, soit deux ans après sa déportation, selon ses dires.

Enfin, les officiels du Musée national d’Auschwitz-Birkenau ont déclaré à Andrew Reid qu’il n’y avait eu «qu’une seule évasion» recensée au cours de la période avancée par Joseph Hirt et qu’il ne s’agissait pas de la sienne.

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