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Nicolas Sarkozy, qui s’est déclaré pour «la levée progressive des sanctions», a rencontré Poutine

A la veille de l’ouverture du forum économique international à Saint-Pétersbourg, le président russe Vladimir Poutine a rencontré l’ancien dirigent français, le 15 juin lors d’un dîner non formel.

Le président russe a remercié Nicolas Sarkozy pour sa venue. «Je profiterai de cette opportunité pour discuter d’un large spectre de questions», a indiqué le chef du Kremlin ajoutant qu’il pouvait parler en toute franchise vue la position actuelle de Nicolas Sarkozy.

Dans la journée, l'ex-chef d'Etat a proposé à Paris que l'Union européenne et la Russie abandonnent leurs sanctions mutuelles, pour «sortir du blocage» actuel concernant l'Ukraine ou le projet de bouclier antimissile américain et a promis d’en discuter avec Vladimir Poutine.

«Nous n'avons pas besoin d'une nouvelle guerre froide», a-t-il insisté lors d'une convention de son parti sur les affaires internationales. Après «le mur de la honte», le rideau de fer qui séparait l'Europe de l'Est et l'Europe de l'Ouest, «je ne peux pas accepter l'idée d'un nouveau mur, un mur politique cette fois-ci, d'une guerre froide entre la Russie et le continent européen», a-t-il insisté.

Et pour «sortir du blocage, il faut créer un électrochoc positif entre la Russie et l'Europe, avec une décision conjointe d'une levée progressive et mutuelle des sanctions, en échange de gestes concrets de part et d'autre allant dans le sens de l'application des accords de Minsk».

Il en a profité pour livrer son opinion sur le bouclier antimissile : «J'avais demandé en 2010 que l'on prenne la peine d'associer les Russes à ce système antimissile, pour qu'ils ne pensent pas que c'est un système contre eux. Ça a été complètement abandonné», a déploré M. Sarkozy. «Je ne veux pas jeter le bébé avec l'eau du bain, mais l'association des Russes au système antimissile, c'est la bonne solution !»

«Aussi ami que je suis avec les Américains, ce n'est pas M. Obama qui décidera pour moi qui est l'adversaire de la France ou qui ne l'est pas. Que les choses soient claires, simple et précises», a-t-il lancé.

Plus tôt dans la journée, Iouri Ouchakov, conseiller en politique étrangère du président russe a fait savoir que la conversation entre les deux hommes «adoptera un ton non officiel». «Tous les thèmes pourront être abordés, parmi lesquels, évidemment, l’état et les perspectives des relations franco-russes, des possibles coopérations à venir, et probablement les dossiers régionaux. [Nicolas] Sarkozy sera sûrement intéressé par notre évaluation de la situation au Moyen-Orient, en Syrie et ailleurs», a-t-il noté.

Iouri Ouchakov a par ailleurs souligné que les mécanismes de base de la coopération bilatérale étaient à présent pratiquement gelés du côté français et que la commission intergouvernementale ministérielle ne s’était pas réunie depuis novembre 2013. Il a néanmoins rappelé que le Premier ministre russe, Dmitri Medvedev, s’était entretenu avec son homologue français en marge de la Conférence de Munich, au mois de février.

Le 13 juin, des députés européens, dont six Français, issus principalement du groupe du Parti populaire européen, ont rédigé une lettre ouverte dans laquelle ils expliquent que l’absence de la Russie en tant que partenaire est «une erreur à la fois sur le contexte politique en Syrie et sur un niveau économique pour l’agriculture [de l’UE]», rappelant qu’«il y a des objectifs et des intérêts qui requièrent d’aller au-delà du désir de punir».

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