«Malgré une ligne publique stricte, il y a des bruits qui courent selon lesquels les Allemands, in extremis, pourraient transiger davantage [à la demande d’Ankara] pour préserver l’accord entre l’Union européenne et la Turquie», révèlerait un télégramme envoyé par l’ambassadeur britannique à Berlin et obtenu par l’organisation Vote Leave, favorable comme son nom l’indique à la sortie du Royaume-Uni de l’UE.
Alors que les dirigeants de l’Union européenne ont publiquement insisté sur le fait que la suspension du régime de visas pour l’espace Schengen aux citoyens turcs était impossible tant qu’Ankara ne se plierait pas à certaines conditions exigées par Bruxelles - dont la modification de ses lois anti-terreur utilisées à l’encontre des opposants au gouvernement et des médias - le télégramme se montre plus nuancé.
«[Angela] Merkel a commencé à dépeindre l’accord en termes humanitaires (soulignant que depuis sa mise en vigueur, seulement neuf personnes s'étaient noyées) afin d’anticiper l’opposition des organisations de défense des droits de l’homme. Les autorités [allemandes] ont ici montré leur intérêt, derrière la scène, pour des compromis possibles sur les lois anti-terreur», informerait le télégramme.
Le «chantage d’Erdogan» à l’Union européenne
Selon l’ambassadeur britannique, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, est vu à Berlin comme «un tyran autoritaire qui essaye de faire du chantage à l’Union européenne».
Alors que l’accord entre Bruxelles et Ankara sur les réfugiés envisage sous conditions d’offrir à 75 millions de Turcs l'accès libre de visa à l’espace Schengen à partir du 1er juillet, le président turc menace de ne pas respecter ses engagements et de laisser des milliers de migrants inonder l’Europe, si l'UE n’applique pas les dispositions de l’accord relatives aux visas pour les citoyens turcs.
Selon le texte de l’accord, la Turquie doit reprendre les réfugiés cherchant l’asile en Europe en échange de plusieurs milliards d’euros d’aide et de concessions politiques.
Plus d’un million de réfugiés fuyant la guerre au Moyen-Orient sont arrivés en Europe en 2015, provoquant l’une des plus importantes crises migratoires que le continent ait connu.