Prisons, hôpitaux, transports en commun ou école : l’ensemble des secteurs publics belges est invité à se mettre en grève continue dès le 31 mai afin de protester contre une «loi travail» version noir-jaune-rouge.
A la base de l’initiative, on retrouve la CGSP wallonne, plateforme regroupant les syndicats des services publics de Wallonie (sud du pays), qui a voté jeudi à l’unanimité une motion appelant à l’action face aux coupes budgétaires du gouvernement dans les services publics.
Notre but : la fin du gouvernement. Nous ne voulons plus de ces gens qui ont programmé à terme la mort du service public
«Le seul moyen de faire infléchir la politique du gouvernement, c’est de lancer une action plus dure», a déclaré le secrétaire général de l’organisation Patrick Lebrun au journal Le Soir, déplorant le manque de consultation sociale des autorités.
Comme il l’explique, le but ultime de l’action du syndicat est clairement affiché : «la fin du gouvernement. Nous ne voulons plus de ces gens qui ont programmé à terme la mort du service public de ce pays».
Toutefois, dans le pays, qui vit au rythme des barrières linguistiques, le mouvement social est lui aussi fracturé entre la Wallonie, au sud, et la Flandre, au nord. Dans cette dernière, la branche locale du syndicat, l’ACOD, a fait savoir qu’il n’entendait pas rallier l’appel à la grève continue. «Cette motion a été adoptée sans consultation préalable, c'est une initiative solo», a ainsi indiqué Guido Rasschaert, secrétaire général de l'aile flamande.
Le Premier ministre est un menteur ; le gouvernement, une dictature
A Bruxelles en revanche, où l’antenne locale de la CGSP a appelé à soutenir le mouvement de grève, le ton est donné : «Le Premier ministre est un menteur. Ce n’est pas un gouvernement, c’est une dictature. Nous n’en avons plus besoin», indique-t-on du côté de la direction de la branche bruxelloise du syndicat.
Cheminots et gardiens de prison en pointe des actions
De leur côté, les cheminots n’ont pas attendu la date du 31 mai pour lancer une action spontanée de grève. Jeudi, ils ont en effet bloqué l’ensemble du trafic ferroviaire wallon afin de protester contre la suppression de jours de récupération par leur employeur, la Société nationale des chemins de fer belges (SNCB).
Derrière les barreaux aussi, la contestation se ressent. En effet, les gardiens des prisons de Wallonie et de Bruxelles ont cessé de travailler depuis plus d’un mois afin de réclamer plus de moyens financiers et de personnel.
Vendredi, les agents de la police fédérale ont même été appelés en renfort, afin d’assurer un minimum de sécurité dans les établissements de Forest et Saint-Gilles (région bruxelloise), tous deux en grève. Mais ils n’ont pas fait long feu ; à peine arrivés sur place, ils sont directement repartis «dans un mouvement d’humeur», a rapporté le journal belge La Libre Belgique.
Dans la foulée, le maire de la commune de Saint-Gilles est monté au créneau, appelant «au sens des responsabilité des instances de police fédérales face au risque de connaître des situations de tension non maîtrisable dans les prisons».
Si la grogne sociale se fait de plus en plus pressante pour les différents secteurs de l'économie belge, le Premier ministre libéral Charles Michel reste, lui, de marbre. «Nous allons continuer à prendre des décisions, réformer et agir», a-t-il prévenu jeudi après-midi.