Le gouvernement belge «a décidé de réquisitionner l'assistance de l'armée, en vue de fournir un soutien humanitaire supplémentaire dans les prisons bruxelloises et wallonnes», a indiqué ce soir le cabinet du Premier ministre Charles Michel dans un communiqué. Les prisons de la Belgique francophone sont en effet confronté à un mouvement de grève des gardiens qui dure maintenant depuis deux semaines. Dans ce contexte chaotique, les détenus se révoltent dans un certain nombres d'établissements : meubles détruits, lits en feu, fenêtres cassées… si pour l’instant les dégâts ne sont pas encore chiffrés, ils pourraient coûter très cher.
Faute de personnel suffisant à cause de la grève, les détenus ne peuvent en effet plus sortir de leurs cellules depuis quatorze jours. Ils n'ont pas de sorties au préau, pas de visites de leur famille et n'ont eu que trois fois la possibilité d'avoir accès aux douches sur ces deux semaines de grève. La situation risque de s’aggraver, puisque l’accord proposé par la ministre de la Justice Koen Geens vendredi a été refusé par le personnel pénitentiaire.
Des images amateurs de la prison d’Andenne, ville belge entre Charleroi et Liège, ont fuité ce dimanche sur internet et les réseaux sociaux. Un détenu a filmé une scène à l'intérieur de l’établissement et on y voit une pièce ravagée avec des objets en feu. Une vidéo qui illustre cette situation explosive. «Ils mettent le feu à des bouts de papiers ou de tissus et les jettent dans la cour. Il y a eu quelques débuts d'incendie mais rien qui ne nécessite l'intervention des pompiers» explique Marc Dizier, directeur de la prison d’Andenne et directeur de l'association des directeurs des prisons francophones. Dans la prison de Namur, «des détenus y cassent du mobilier et jettent de la mayonnaise et de l'urine sur les rares gardiens qui travaillent» selon un responsable syndical.
Confronté à cette situation, il est quasiment impossible pour l’Etat belge d’assurer à ses prisons un fonctionnement «normal» et de réparer les dégâts commis ces derniers jours. Face à l’urgence, l’armée a été réquisitionnée ce dimanche soir. Dès lundi, 180 militaires devront assurer des services de base aux détenus comme les visites, les accès aux douches, la distribution des repas.
L’Association des directeurs des prisons francophones a aussitôt critiqué cette mesure, par la voix son de directeur Marc Dizier : «Voir l'armée dans les prisons, cela me fait penser aux heures noires de l'Europe de l'Est ou aux heures actuelles d'une certaine Russie ou de la Corée du Nord». «Effectivement, nous avons besoin d'aide», a-t-il ajouté, «Les détenus ont besoin de sortir de leur cellule pour aller au préau, recevoir des visites familiales [...] Mais je n'imagine pas une seule seconde que ce soient des militaires qui puissent faire le travail».