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«Rendre hommage» mais pas d’excuses : la visite historique de Barack Obama à Hiroshima

Barack Obama est arrivé ce vendredi 27 mai à Hiroshima, anéantie par une bombe atomique américaine en 1945. Il est le premier président américain en exercice à s’y rendre, cependant présenter des excuses n’est pas prévu au programme.

«Pourquoi sommes-nous venus ici, à Hiroshima ? Nous sommes venus réfléchir à cette force terrible libérée dans un passé pas si lointain. Nous sommes venus pour rendre hommage aux morts», a déclaré Barack Obama pour expliquer la raison de son déplacement.

Rendant hommage aux victimes de cette frappe dévastatrice, le dirigeant américain a appelé à construire un monde sans armes nucléaires. «Il y a 71 ans, la mort est tombée du ciel», a déclaré le chef de la Maison Blanche devant le mémorial aux victimes de la bombe larguée par les Etats-Unis.

L’annonce de la visite

Le projet de visiter Hiroshima avant l’expiration de son mandat a été annoncé pour la première fois par Barack Obama dès 2009, après avoir reçu le prix Nobel de la Paix.

Des rumeurs sur un éventuel déplacement du président américain au Japon sont apparues en février. Elles ont finalement été confirmées le 10 mai dans une déclaration officielle, soulignant que la visite se déroulerait le 27 mai, après la réunion du G7 se tenant au Japon.

Alors que la décision n’était pas encore prise, des responsables ont commencé à s’exprimer au sujet des excuses souhaitées pour les dommages causés aux villes japonaises. Les Etats-Unis ont clairement fait comprendre qu’elles ne seront pas exprimées. Cette position est restée invariable, Barack Obama ayant précisé dans une interview accordée à la chaîne japonaise NHK le 22 mai ne pas avoir l’intention de le faire.

Le Japon attend-il des excuses ?

La première réaction au Japon à cette visite, qui semblait auparavant irréalisable mais a cependant eu lieu, a été l’étonnement et la joie. «Aujourd’hui, l’ambiance autour de cette visite est bonne et les habitants d’Hiroshima ne vont pas manifester ou diriger leur colère vers Obama. Si cela avait été le président Truman [lors de la présidence duquel le bombardement aérien a été ordonné], alors nous aurions aimé qu’il s’excuse», a insisté dans une interview à RIA Novosti Toshiyuki Mimaki, membre de l’organisation japonaise des survivants du bombardement américain. 

«Bien que le Japon soit un pays qui a subi une frappe nucléaire, nous accueillerons chaleureusement Obama et nous nous réjouissons de son arrivée», a-t-il indiqué, ajoutant qu’il fallait passer outre, car l’objectif aujourd’hui est la destruction des armes nucléaires à travers le monde.

Cependant, une semaine plus tard, d’autres opinions ont commencé à apparaître. Ainsi le secrétaire général de la Confédération des organisations de victimes des bombes A et H a annoncé que les victimes de ces bombardements exigeaient des excuses.

«Nous souhaitons qu’il écoute directement une des victimes. Et qu’il s’excuse devant les victimes et leurs familles», a demandé Terumi Tanaka. «Les victimes des bombardements veulent que via des excuses, [le président américain] confirme que le l’utilisation d’une bombe nucléaire était une action déshumanisante, en violation du droit international.»

Trois jours avant la visite officielle, le ministre japonais des Affaires étrangères Fumio Kisida n’a pas pu ne pas reconnaitre que le bombardement d'Hiroshima et Nagasaki contredisait à l’humanité. «Cela ne correspond pas à la base fondamentale du droit international, notamment l’humanisme. Un grand nombre de personnes sont mortes en conséquence du bombardement, du point de vue humain cela a mené à une situation déplorable», a-t-il noté.

Jeudi, des manifestants se sont réunis au Japon près d’un mémorial aux victimes pour dénoncer la visite du leader américain. «A quoi bon aller à Hiroshima si ce n’est pas pour s’excuser ?», se sont-ils demandés.

En août 1945, les avions américains ont largué sur Hiroshima la première bombe atomique de l'histoire, suivie, trois jours plus tard, par celle de Nagasaki. L'utilisation de cette arme, fruit du Projet Manhattan mené dans le plus grand secret pendant des années, allait sonner la capitulation du Japon et la fin de la Seconde Guerre mondiale.