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Effondrement d’une antenne en Suède : la Russie, coupable automatique ?

A peine une antenne suédoise a-t-elle subi des dommages que les médias occidentaux, sans être réservés dans leurs jugements, se sont empressés d’accuser la Russie d’un nouveau mal, invoquant l'ambiance de «guerre froide» pour expliquer les faits.

Une antenne de télécommunications de 300 mètres de haut s’est effondrée dans le Sud-Ouest de la Suède le dimanche 15 mai. La police voit un sabotage derrière cet incident. Il s’agirait déjà de la troisième antenne à être sabotée de la sorte. Elles constituent des éléments indispensables de l’infrastructure suédoise.

Le quotidien suédois Svenska Dagbladet a indiqué que l’effondrement de l’antenne a privé de télévision quelque 85 000 ménages. Les antennes sont aussi utilisées par la police et les militaires comme moyen de transmission en cas d’alerte ou d’annonce urgente à destination de la population.

Selon la police, cet acte a pu être commis par un farceur, des extrémistes locaux ou des saboteurs internationaux, les services de renseignement du pays ont été chargés d’enquêter. «Nous sommes à 100% sûrs que la tour a été sabotée», a fait savoir l’enquêteur principal de la police Jan Johansson au journal Aftonbladet. «Cela pourrait être quelque chose d’international, quelqu’un qui veut vérifier ce qui arrive quand une antenne comme celle-ci est hors-service».

Entretemps, le journal the Guardian semble avoir découvert par lui-même le responsable. Il a ainsi publié un article intitulé «La Russie fait l’objet de soupçons après le sabotage d’antennes de télécommunication suédoises» (Russia under suspicion after sabotage of Swedish telecom mast), un titre quelque peu racoleur pour un article qui ne fournit pas de preuves.

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Cet article reflète la tendance éditoriale dominante des médias occidentaux à présenter la Russie comme une menace active, laquelle justifierait le renforcement des capacités militaires de l’OTAN à ses frontières.

Ainsi, les accusations du Guardian sont fondées sur des avis d’experts, qui à leur tour ne se basent sur rien de concret, et n’ont pas peur de le dire. «Je suppose qu’il y a un lien international», a expliqué dans une interview à la radio l’expert suédois Hans Brun. «Pour être honnête il ne s’agit que d’un jugement personnel et il n’est basé sur aucune recherche, mais dans ce cas, seule la Russie peut être intéressée», a-t-il conclu.

Initialement, l’article sur l’effondrement de l’antenne a été publié par l’agence d’information Reuters, qui s’est avérée être plus mesurée et n’a pas mentionné la Russie dans le titre pour faire plus de clics. Il ne reste qu’à proposer à Guardian une version du titre qui attirerait encore plus de lecteurs, tel que «Poutine ordonne aux forces spéciales russes de faire exploser une antenne suédoise en réponse à l’échec de l’Eurovision à Stockholm».