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Belgique : une grève des gardiens de prison assimilée à de la «torture» par les prisonniers

Les détenus de la prison de Marche-en-Famenne, dans le sud de la Belgique, ont écrit une lettre ouverte aux gardiens de prison en grève depuis fin avril. Ce mouvement social entraîne de très grande «souffrance», décrivent les prisonniers.

«Nous ne pouvons passer sous silence les souffrances que nous endurons. A ce stade de la grève, notre empathie pour votre cause se transforme en incompréhension. La situation que nous vivons s'apparente, pour certains, à de la torture», ont écrit les prisonniers de l'établissement pénitentiaire de Marche-en-Famenne qui expliquent subir de plein fouet la grève des gardiens de prison.

Dans cette lettre adressée aux agents pénitenciers, les prisonniers expriment «leurs émotions, leur dégoût. Un dégoût qui n'est pas dirigé contre la prison, le système carcéral ou même le système judiciaire, mais contre vous. [...] Pour une fois, nous avons préféré la plume à l'épée. [...] Cela pour vous dire que nous ne voulons pas tomber dans la facilité, faire ce que beaucoup attendent de nous. À savoir, tout brûler», rapporte le texte.

«Ce mouvement [de grève] a renforcé la cohésion détenus/direction»

Depuis le début du mouvement social, la direction, la police, la Croix-rouge et la Protection civile interviennent dans l'établissement afin de suppléer le travail effectué normalement par les grévistes. Leur engagement est salué par les détenus : «Ce mouvement [de grève] a renforcé la cohésion détenus/direction. [...] Cette direction qui malgré la fatigue nous donne les préaux, organise les visites quand et comme elle peut, s'arrange pour que nous puissions appeler nos familles, passe pour distribuer les repas, le tabac, et on en oublie».

Les agents de la prison sont en grève comme dans de nombreux autres établissements de Belgique pour protester contre un projet de rationalisation du gouvernement fédéral qui veut diminuer les effectifs. «La grève est bien suivie», a indiqué le directeur de la prison de Marche-en-Famenne, Frédéric de Thier.

Alors que les détenus de cet établissement pénitencier décrivents des conditions d'incarcération particulièrement difficile en raison du mouvement social, ils alertent sur une situation qui pourrait être encore plus pénible dans les autres prisons. «La situation à Marche est moins pire qu'ailleurs. Nous avons la chance d'avoir une prison toute neuve avec un régime semi-ouvert. Les détenus ont accès à la douche et au téléphone en cellule», conclu le texte.

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