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Initiative de paix : Ayrault dément la mise en doute de Netanyahou sur l'«impartialité» française

Le ministre des Affaires étrangères français Jean-Marc Ayrault a démenti dimanche 15 mai les allégations du Premier ministre Benjamin Netanyahou qui a mis en doute l'«impartialité» de l'initiative française sur le processus de paix.

Jean-Marc Ayrault a contredit Benjamin Netanyahou au terme d'une visite du diplomate français en Israël où il a rencontré le chef du gouvernement israélien et le président palestinien Mahmoud Abbas. Il est venu présenter l'initiative de Paris pour relancer l'effort de paix entre Israéliens et Palestiniens.

«La France est désintéressée, mais elle est profondément convaincue que si on ne veut pas laisser prospérer, ici dans cette région, les idées de Daech (acronyme arabe de l’Organisation de l'Etat islamique) il faut faire quelque chose», a-t-il affirmé devant les journalistes à l'aéroport.

Benjamin Netanyahou avait vivement réagi quelques heures plus tôt au vote par la France en avril dernier d'une décision de l'Unesco sur le patrimoine culturel palestinien et Jérusalem-Est, partie palestinienne de Jérusalem occupée et annexée par Israël. «J'ai dit [au ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault] que la décision scandaleuse prise à l'Unesco avec le soutien de la France et qui ne reconnaît pas le lien millénaire entre le peuple juif et le Mont du Temple jette une ombre sur l'impartialité du forum que la France tente de réunir», a affirmé Benjamin Netanyahou le 15 mai.

Initiative de paix de la France

Le chef du gouvernement israélien s'est indigné que le texte voté par la France à l'Unesco ne fasse jamais référence à l'esplanade des Mosquées comme Mont du Temple, l'appellation sous laquelle les juifs révèrent le lieu, ou ne mentionne le mur des Lamentations qu'entre guillemets.

Le Premier ministre israélien s'exprimait avant le conseil des ministres et après avoir reçu Jean-Marc Ayrault, venu lui présenter de vive voix le projet français de conférence internationale de paix qui aurait lieu avant la fin de l'année. En vue de la conférence, la France prévoit le 30 mai une réunion ministérielle qui en jetterait les bases, avec une vingtaine de pays, l'Union européenne et l'ONU, mais sans Israéliens ni Palestiniens pour ne pas condamner d'emblée l'effort à l'échec.

Le ministre français des Affaires étrangères sait pouvoir compter sur le soutien palestinien dans son ambition de ramener à la vie la vieille entreprise visant à résoudre l'un des plus vieux conflits de la planète. En revanche, le gouvernement israélien a constamment exprimé son opposition à une telle conférence.

Mission difficile pour Jean-Marc Ayrault

Le chef de la diplomatie française s'est employé auprès de Benjamin Netanyahou à «dissiper les malentendus» concernant la position de la France et son vote à l'Unesco, a indiqué son entourage.

«Des formulations malencontreuses et blessantes, qui auraient pu et dû être évitées, ont créé des malentendus. La France le regrette», a dit Jean-Marc Ayrault à Benjamin Netanyahou selon son entourage.

«La position de la France sur Jérusalem n’a pas changé : Jérusalem est une ville fondamentale pour les trois grandes religions monothéistes et appartient à tous les croyants, juifs, chrétiens et musulmans», lui a-t-il dit, selon les mêmes sources.

Les responsables français se sont succédé pour tenter de dissiper tout malentendu. «Il y a dans cette résolution de l'Unesco des formulations malheureuses, maladroites, qui heurtent et qui auraient dû être incontestablement évitées», a déclaré le Premier ministre Manuel Valls, qui a cependant ajouté que «cette résolution ne [changeait] rien dans la politique de la France». Le Premier ministre français se rendra lui aussi en Israël et dans les territoires palestiniens du 21 au 24 mai.

A l'initiative de plusieurs pays arabes, le conseil exécutif de l'Unesco a adopté le 14 avril, avec la voix de la France, une décision sur la Palestine occupée visant à «sauvegarder le patrimoine culturel palestinien et le caractère distinctif de Jérusalem-Est». Elle a été adoptée par 33 voix contre 6 – L'Estonie, l’Allemagne, la Lituanie, les Pays-Bas, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis – et 17 abstentions.