La présidence des Etats-Unis, «ce n'est pas du divertissement. Ce n'est pas une émission de télé-réalité», a lancé Barack Obama lors d'une conférence de presse, ajoutant : «Nous traversons des moments difficiles et [la présidence], c'est vraiment une fonction sérieuse.»
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a renchéri sur les propos du président. Intervenant devant des étudiants de la Northeastern University, il leur a déclaré qu'ils étaient «le pire cauchemar de Donald Trump».
Visant directement le candidat républicain, John Kerry a dénoncé «les vendeurs de petites phrases et les aboyeurs de carnaval qui prétendent que le pays le plus puissant du monde peut rester grand en regardant vers l'intérieur et en se cachant derrière des murs».
Peu de personnes considéraient Donald Trump comme un candidat sérieux quand il a lancé sa campagne en juin, pour affronter 16 autres prétendants conservateurs aguerris.
Mais depuis sa large victoire dans l'Indiana le 3 mai et le retrait de son principal rival Ted Cruz, l'investiture du Grand Old Party pour la présidentielle du 8 novembre tend les bras à celui qui n'a jamais occupé de fonction élective.
De quoi diviser davantage un parti déjà secoué par ses propos controversés sur l'immigration, les musulmans, la construction d'un mur à la frontière du Mexique ou encore l'OTAN et le nucléaire notamment.
Même le président de la Chambre des représentants Paul Ryan a déclaré jeudi n'être «pas encore prêt» à le soutenir.
Ce que veut le peuple, selon Trump, c'est Trump
Donald Trump s'est dit «surpris», le 6 mai, par les propos de Paul Ryan. Il le rencontrera la semaine prochaine, avec le président du parti Reince Priebus, pour tenter de séduire l'appareil du parti qui le déteste.
Le milliardaire a déclaré à la chaîne NBC qu'il avait l'intention de dire à Paul Ryan : «Ecoutez, c'est ce que veut le peuple», parlant de son investiture à l'élection présidentielle. «Je pense vraiment que j'ai obtenu le soutien du peuple» au cours des primaires, souligne le candidat républicain dans l'émission d'ABC This Week, qui sera diffusée le 8 mai et dont des extraits ont déjà été publiés.
Reince Priebus avait, pour sa part, annoncé dès le 3 mai que Donald Trump serait le probable candidat du parti et appelé sa formation à «l'unité».
Le parti républicain semble désormais confronté à une véritable crise existentielle.
Comme s'il s'adressait aux républicains qui hésitent à soutenir Donald Trump, Barack Obama a demandé un examen du passé du magnat de l'immobilier : «Il a un long bilan qui doit être regardé de près et c'est important pour nous de prendre au sérieux les propos qu'il a tenus par le passé.»
Signe du désarroi républicain, le sénateur Lindsay Graham, candidat malheureux des primaires, a déclaré le 7 mai qu'il ne «pouvait pas» voter pour Donald Trump, ni d'ailleurs pour sa probable rivale démocrate Hillary Clinton.
«Je ne crois pas qu'il soit un conservateur républicain fiable ou qu'il ait montré le jugement et le tempérament d'un commandant en chef», a estimé l'élu de Caroline du Sud.
Un autre grand perdant des primaires, le fils et frère de présidents Jeb Bush, a lui aussi désavoué Donald Trump, affirmant sur Facebook que le milliardaire n'avait pas «l'humilité» ni le «tempérament ou la force de caractère» nécessaires pour être président.
Et Lindsey Graham ne se rendra pas à la convention d'investiture de son parti en juillet, qui sera également boudée par Mitt Romney, chef de file des anti-Trump et ex-candidat républicain à la Maison Blanche en 2012.
Mais d'autres figures du parti républicain ont au contraire assuré Donald Trump de leur soutien, parmi lesquelles l'ancien sénateur Bob Dole, qui fut candidat républicain à la présidence contre Bill Clinton.
Donald Trump «est le probable candidat de notre parti et notre meilleure chance de reprendre la Maison Blanche en novembre prochain», a-t-il déclaré.
Avant de se lancer en campagne, le flamboyant milliardaire de 69 ans, qui a fait fortune dans l'immobilier, était surtout connu du grand public pour être l'animateur star de l'émission de télé-réalité «The Apprentice», pour ses immeubles et les casinos à son nom, voire, ses divorces.