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A droite comme à gauche, les appels aux référendums sur la TAFTA se multiplient en Europe

Alors que Barack Obama vient d’appeller l’Union européenne à accélérer l’adoption du projet de traité de libre-échange transatlantique, politiques comme experts se font de plus en plus entendre pour dénoncer cette initiative.

Le partenariat transatlantique de commerce et d'investissement (TTIP ou TAFTA), serait une «attaque contre l’Etat providence», selon la présidente du parti allemand Die Linke Sahra Wagenknecht. Militante de gauche, elle estime que le gouvernement a l’obligation d’organiser un vote populaire sur ce traité qui prévoit, notamment, de nouvelles modalités au libre-échange entre l’Union européenne et les Etats-Unis.

«Les chiffres du week-end le disent haut et clair : 90 000 personnes protestent contre le TTIP alors que deux seulement font sa promotion», a déclaré Sahra Wagenknecht, citée par les médias allemands. Le duo évoqué par la députée consiste de toute évidence en la chancelière allemande et le président américain, de passage à Hanovre le week-end dernier. Les deux chefs d’Etat se sont montrés unis dans leur volonté de ratifier l’accord controversé «d’ici à la fin de l’année».

Dans le même temps, des dizaines de milliers de personnes sont sorties dans les rues de Hanovre pour s’exprimer contre le traité, qui, selon des activistes écologistes, des associations de protection de consommateurs et des ONG, met en danger les standards  environnementaux et commerciaux de l’UE.

Le TTIP n’inquiète pas seulement la gauche : en Autriche, Norbert Hofer, candidat d’extrême droite à la présidentielle autrichienne et qui est sorti vainqueur du premier tour, a fait du TTIP un des sujets clés de sa campagne.

«Je ne signerai cet accord qu’après avoir organisé un référendum au préalable, ou la majorité des Autrichiens s’exprimerait en sa faveur», a déclaré Norbert Hofer dans une interview à ORF, tout en admettant qu’une telle décision ferait subir au pays une «énorme pression» de la part des multinationales.

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Les économistes en alerte

Alors que les polémiques sur ce traité de libre-échange se multiplient, le site Global Justice Now a dévoilé en début de la semaine une étude des effets du TTIP. Il se trouve qu’une seule évaluation de ce traité a été effectuée en 2013 par la London School of Economics (LSE), et les résultats sont peu optimistes. «Il y a peu de raisons de croire que l’accord… fournirait d’importants bénéfices économiques et politiques au Royaume-Uni», lit-on dans le document présenté par le site.

Le document fait preuve des craintes des experts de la LSE du «fort prix économique» du TTIP pour Londres, étant donné que, conformément aux clauses de l’accord, des investisseurs américains «pourront remettre en cause des actions du gouvernement britannique qui ne seraient pas normalement contestables selon la loi du Royaume-Uni». Un élément de l’accord qui préoccupe tous les pays membres de l’UE.

La contestation dans l'air du temps

Au sein de l’Hexagone, le gouvernement a récemment affiché, et de plus en plus souvent, une position ferme anti-TTIP. La possibilité de conclure un accord sur ce traité «s'éloigne», a ainsi noté le secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, Matthias Fekl ce mardi 26 avril sur RTL, en rappelant que la France attendait des progrès sur plusieurs sujets (environnement, transparence des discussions ou procédures d'arbitrage). Le Premier secrétaire du Parti socialiste (PS) Jean-Christophe Cambadélis a ensuite réitéré ce message, en déclarant «qu'en l'état [le PS] dit non au traité transatlantique».