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Législatives en Syrie : forte participation malgré la méfiance de l'Occident

Les bureaux de vote ont fermé dans les régions administrées par le gouvernement, regroupant 60% de la population. Lors de ce second scrutin depuis le début de la guerre, 3 500 candidats ont brigué les 250 sièges de députés.

Jeudi 14 avril

Les bureaux de vote ont été fermés il y a quelques heures. Les commissions se sont mis à compter des bulletins.  Le Comité supérieur judiciaire syrien pour les élections annoncera les premiers résultats dans les plus proches délais.

Mercredi 13 avril

Le Comité Supérieur Judiciaire Syrien pour les Elections a décidé de prolonger le vote de cinq heures, en raison du fort taux de participation, selon l'agence de presse SANA.

L'Allemagne refuse de reconnaître les résultats des élections législatives syriennes, selon le porte-parole allemand du ministère des Affaires étrangères Martin Schaefer.

Plus tôt dans la journée, le porte-parole français du ministère des Affaires étrangères Romain Nadal a également déclaré que les élections syriennes se faisaient «sans campagne électorale réelle».

Le président syrien Bachar el-Assad et sa femme Asma ont déposé leur bulletin dans l'urne, devant une foule de journalistes et de citoyens.

Certains cantons du Kurdistan syrien ne participent pas aux élections, selon l'agence de presse kurde ANF.

Dans une déclaration écrite par l'administration de la région autonome, les cantons de Efrin, Kobanê et Cizir cantons ont en effet annoncé hier que les zones d'autonomie boycotteraient le bulletin.

Mohammed Homsho, un des candidats à l'élection, a déclaré cité par RIA Novosti que la participation des citoyens était «très active».

«Aujourd'hui est un triomphe dans la lutte contre nos ennemis», a dit le candidat alors qu'il était lui même en train de déposer son bulletin dans l'urne. 

Le chef de l'un des bureaux de vote de Damas Haytham Vanus a quant à lui déclaré, que le processus de vote avait commencé à sept heures du matin, tout en précisant les modalités de l'élection. 

«Nous vérifions l'identité des citoyens dans nos fichiers, avant de leur remmetre un bulletin vide accompagné de 29 feuilles de candidats, ce qui est le nombre de parlementaires pour la région de Damas».

Sans surprise, les résultats devraient être semblables à ceux des législatives de mai 2012, selon les experts. Le parti Baas, avait alors obtenu la majorité des sièges.

Accompagné de son épouse, le président Assad a voté dans la matinée dans un bureau installé dans la bibliothèque nationale, place des Ommeyades. C'est avant tout sur leurs lieux de travail, notamment dans les administrations ou les écoles, que la majorité des électeurs se rendent aujourd'hui à l'isoloir.

«J'ai voté car ce scrutin doit décider de l'avenir du pays. J'espère que les élus seront honnêtes envers la patrie avant de l'être envers les électeurs», témoigne Yamine al-Homsi, un fonctionnaire de 37 ans.

La guerre a été au cœur de la campagne, les candidats rivalisant de slogans patriotiques. «Nous sommes pour la sécurité», «Pour nos enfants qui sont morts, continuons», proclament des affiches, tandis qu'un aspirant député se présente comme la voix des «martyrs de notre armée héroïque». Le journal du parti Baas a présenté le scrutin «comme un  combat pour prouver la solidité des institutions de l’Etat».

A Palmyre, où l'armée a chassé les djihadistes de l'EI le 27 mars, quatre bureaux de vote ont été installés, dont un à l'entrée du musée archéologique dévasté. Des habitants sont revenus pour l'occasion et pour inspecter leurs maisons.

Selon la commission électorale, l'élection se déroule «partout sauf dans les provinces de Raqqa et d'Idleb» aux mains de l'EI et du Front Al-Nosra, ainsi que «dans les régions qui connaissent des problèmes de sécurité», en référence aux zones tenues par les rebelles. Mais «les électeurs originaires de ces régions peuvent voter dans les secteurs tenus par l'armée», selon elle.


Cette élection est une «honte» pour le porte-parole du Quai d'Orsay

Mais pour le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Romain Nadal, cette «élection organisée par le régime» constitue une «honte». Il souligne qu’elle «a lieu sans campagne électorale, sous l’égide d’un régime oppressif, et sans observateurs internationaux».

Le scrutin se tient après plusieurs semaines d'un calme relatif lié au cessez-le-feu conclu sous les auspices russes et américains. Mais cette trêve menace d'éclater et la guerre de reprendre de plus belle entre les forces loyalistes, les rebelles dits «modérés» et les islamistes, ainsi que les deux frères ennemis du djihadisme, le groupe Etat islamique (EI) et le Front Al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda.

Cette dégradation de la situation pourrait peser sur la nouvelle session de négociations indirectes entre le régime et l'opposition qui s'est ouverte le 13 avril à Genève sous la houlette de l'ONU .