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Visa refusé : pour le gouvernement algérien, Le Monde a «porté atteinte au prestige» de Bouteflika

Lors de la conférence de presse tenue conjointement avec Manuel Valls, le premier ministre algérien a justifié le refus de l’Algérie d’accorder un visa au journaliste du Monde.

Sous le feu des critiques depuis quelques jours, les autorités algériennes ont tenu à réfuter toute volonté de museler la presse. «La liberté de la presse est constitutionnalisée en Algérie», a réagit à ce sujet Abdelmalek Sellal. 

«Tous les journalistes de France sont les bienvenus en Algérie», a-t-il ajouté, avant d’affirmer que Le Monde, «un journal respecté et respectable», avait porté atteinte à l’honneur d’une institution sacrée en Algérie, à savoir la Présidence de la République. «C’est une forme de haine quelque part de porter ainsi préjudice au prestige d’une de nos personnalités. Nous n’avons pas touché à la liberté de la presse et on ne touchera jamais à la liberté de la presse», a-t-il conclu.

De son côté, Manuel Valls a exposé de nouveau sa position. «J’ai déjà eu l’occasion d’exprimer mes regrets», a-t-il dit. «Les messages sont passés, tournons-nous vers l’avenir», a ajouté le ministre dans une réaction d’apaisement. «J’ai exprimé mes respects pour les raisons évoquées par Sellal. Je connais bien l’Algérie et je connais la liberté de ton des journalistes algériens», a-t-il ajouté, avant d’exprimer son «soutien» au président Bouteflika qu'il rencontrera au terme de sa visite. 

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Alger-Paris : une alliance stratégique 

Cette petite tension entre Alger et Paris intervient alors que les relations franco-algériennes connaissent une phase d'apaisement depuis l'arrivée de François Hollande à l'Élysée. Deuxième partenaire économique de l'Algérie après la Chine, la France entend bien profiter de cette éclaircie pour conclure plusieurs accords économiques. Si pour la France, le marché algérien demeure un relais de croissance important pour son économie, l'Algérie espère bien quant à elle profiter des investissements français pour diversifier son économie encore largement dépendante de la rente pétrolière, fragilisée par la baisse brutale des cours du brut au cours des derniers mois. 

«L'Algérie s'est engagée dans un processus de diversification de son économie. Le contexte n'est pas facile, mais nous sommes là pour réussir ensemble et pour vous aider également à réussir», a déclaré le locataire de Matignon lors du forum d'affaires algéro-français qui se tient en marge de la troisième session du Comité interministériel de haut niveau (CIHN).

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