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Sous prétexte de «menace russe», Obama veut augmenter le déjà titanesque budget de la Défense

Malgré la fructueuse coopération avec la Russie en Syrie, le président des Etats-Unis a annoncé son intention d’augmenter les dépenses militaires pour aider ses alliés européens de l’OTAN à «lutter contre les actions agressives de Moscou».

«Nous investissons dans les capacités militaires dont nous avons besoin pour maîtriser les agressions et défendre notre sécurité et la sécurité de nos alliés. Ces investissements comprennent les dépenses pour l’élargissement de nos plans en Europe pour soutenir nos alliés de l’OTAN face aux actions agressives entreprises par la Russie», a déclaré Barack Obama depuis la Maison Blanche, lors de sa rencontre avec le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter.

D’après le projet, les dépenses militaires devraient être augmentées de 4% par rapport à 2015, ce qui signifie qu’il pourrait être dépensé, en 2017, 585 milliards de dollars, soit trois milliards de dollars de plus qu’en 2016.

Fin mars, le Pentagone avait déjà annoncé qu'à partir de février 2017, une brigade blindée américaine serait déployée de manière permanente en Europe de l'Est pour dissuader «toute velléité d'agression russe». Ce sont désormais trois brigades de l’armée américaine qui seront présentes en permanence dans la région.

En outre, les Etats-Unis s’apprêtent à modifier leurs 180 têtes nucléaires B61, créées dans les années 1960 et déployées sur leurs bases en Allemagne, en Belgique, en Italie, en Turquie et aux Pays-Bas. Le Pentagone développe en effet une nouvelle version, la B61-12. Sachant que le coût de la modernisation d’une bombe est d’environ 28 millions de dollars, le programme devrait être terminé au milieu des années 2020.

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Depuis quelque temps, la Défense américaine classe la Russie comme la première des menaces pesant sur sa sécurité, en dépit du rapprochement apparent constaté entre les deux pays. Ainsi, d’un côté, la Défense américaine admet avoir vu du «progrès» en Syrie après l’opération anti-terroriste russe et discute avec Moscou des modalités permettant de mettre fin à la guerre civile, mais de l’autre, le Pentagone augmente sa présence en Europe de l’Est.

La Russie a longtemps appelé l'OTAN à ne pas poursuivre son expansion en Europe de l'Est, justifiant que de tels mouvements pouvaient déstabiliser la région sur le plan sécuritaire. Un appel à la désescalade qui n'a jamais été entendu. 

«Nous n'avons pas surmonté la division de l'Europe : il y a vingt-cinq ans, le mur de Berlin est tombé, mais la division de l'Europe n'a pas été surmontée, des murs, invisibles, ont simplement été déplacés vers l'Est. Cela a créé une base pour [l’apparition] de reproches, de malentendus et de crises à venir», avait confié le président russe au journal allemand Bild en janvier. «Nous devons respecter l'autre, les intérêts des uns et des autres et suivre les mêmes règles au lieu de constamment les modifier pour répondre aux intérêts de certains», avait ajouté Vladimir Poutine.

Malgré cela, en février, le secrétaire général de l’Alliance, Jens Stoltenberg, a déclaré que l’OTAN entendait accroître ses contingents militaires dans l’Est de l’Europe près des frontières russes avec le déploiement de 6 000 soldats de l’OTAN.