Des responsables américains ont confirmé que la situation devenait de moins en moins contrôlable depuis la multiplication des escarmouches entre milices à la périphérie nord d'Alep lors de ces deux derniers mois.
A la mi-février, une milice armée par la CIAdénommé Fursans al Haq, ou Chevaliers de la Droiture, a été décimée dans la ville de Marea, située à 30 kilomètres au nord d'Alep, par les Forces démocratiques syriennes,unecoalition militaire à majorité kurde soutenue par le Pentagone.
D'autres combattants ont décrit des affrontements similaires dans la ville d'Azaz, un point de transit clé pour les combattants et les marchandises qui circulent entre Alep et la frontière turque. L'émergence des Forces démocratiques syriennes n'a pas permis d'atteindre l'objectif initial, celui de reprendre les territoires contrôlés par Daesh. En revanche, cette coalition ne cesse d'étendre son aire d'influence au nord de la Syrie. Un fait qui préoccupe vivement la Turquie voisine, en guerre contre les Unités de protection du peuple (YPG). Les militants kurdes profitent de ce vaste pan de territoire comme zone de repli.
Ces derniers événements illustrent la difficulté des Américains à coordonner les dizaines de groupes armés qui, concentrant leurs efforts pour évincer le président Bachar el-Assad, ne luttent pas assez efficacement contre Daesh.
«C'est un énorme défi», reconnaît Adam Schiff, membre de la Commission du renseignement de la Maison Blanche. Le représentant américain a en outre ajouté qu'il était indispensable pour Washington d'avoir «un partenaire sur le terrain» afin d'éliminer Daesh. Un avis partagé par Jeffrey White, un ancien fonctionnaire de la Defense Intelligence Agency, l'une des agences du renseignement américain pilotée par le département de la Défense. «Une fois qu'ils franchissent la frontière en Syrie, vous perdez une capacité importante de contrôler leurs actions», a-t-il affirmé lors d'un entretien téléphonique.
L’interventionnisme raté des Etats-Unis dans le conflit syrien risque donc de sérieusement menacer le développement de l'unité de la Syrie, que le secrétaire d'Etat américain John Kerry n'a pas hésité à remettre en question en évoquant, en février dernier, l'éventualité d'une partition territoriale.