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Belgique: les mouvements d'extrême-droite raciste montent en flèche après les attentats de Bruxelles

Après les attentats qui ont touché la capitale belge, les groupuscules racistes ont connu un regain de popularité, exploitant la peur de la population. Le mouvement White Power a ainsi déclaré que son nombre d'adhérents avait doublé en 3 jours.

Voorpost, un mouvement étroitement surveillé par les services de sécurité belges et pronant l'idéologie du White power, la suprématie blanche, a assuré que le nombre de ses d'adhérents avait explosé suite aux attaques terroristes qui ont fait plus de trente morts et 270 blessés à Bruxelles. C'est le chef de l'organisation, Bart Vanpachtenbeke qui l'a déclaré au MailOnline.

«Il y a de la colère à Bruxelles aujourd'hui. Nous ne pouvons donner aucune information, mais nous prévoyons beaucoup de protestations et d'actions coup de poing qui vont faire beaucoup de bruit», a-t-il affirmé.

Les services de sécurité belges estiment, eux, qu'il existe un risque réel de violences de la part du groupuscule raciste. «Les services de renseignement sont préoccupés par la capacité de Voorpost à réaliser une action violente», a déclaré Vidhya Ramalingham, chercheur à l'Institut allemand sur la radicalisation.

«Les membres de l'organisation sont étroitement surveillés par les services de sécurité. Ils sont beaucoup moins nombreux que les extrémistes islamistes mais constituent néanmoins une menace sérieuse», a ajouté le chercheur.

D'autres organisations populistes et d'extrême-droite ont également signalé une hausse spectaculaire du nombre de leurs soutiens après les attaques. Tom Van Grieken, le leader du parti islamophobe Vlaams Belang a déclaré au MailOnline que la page Facebook de son parti avait obtenu près de 10 000 nouveaux «like» du jour au lendemain.

Certains des messages de la page, censés avertir des dangers de l'Islam radical et qui qualifient les musulmans de «singes» ont selon lui, été partagés plus de quatre millions de fois. «Pour un petit pays comme la Belgique, c'est énorme a-t-il fait remarquer. «Notre soutien a augmenté de 25% pour cent. Les gens se rendent compte que tout ce que nous disons est juste», a-t-il poursuivi.

Des utilisateurs des réseaux sociaux écrivent notamment que «le gouvernement ne fera rien» et que, pour endiguer la menace djihadiste, il faut «un nouvel Adolf Hitler». D'autres déplorent que «les Jeunesses hitlériennes n'existent plus».

«Nous sommes le seul parti qui met en évidence les dangers de l'islam radical et l'existence de sociétés parallèles dans nos principales villes», a déclaré Tom Van Grieken, ajoutant que «les gens sont furieux contre les élites de ce pays».

La Belgique n'avait jusqu'à présent pas connu le même malaise entre les populations locales et les migrants que celui qui a été observé en Allemagne, en Finlande et ailleurs en Europe. Au vu du climat actuel en Belgique, la colère se dirige désormais vers les classes dirigeantes et la communauté musulmane.

En septembre dernier, plusieurs skinheads racistes du mouvement Voorpost se sont enchaînés aux grilles du camp de migrants de Sijsele et ont déployé des bannières aux slogans racistes aux abords des centres de réfugiés de la Croix-Rouge.

«Les gens se réveillent car les attaques sont de plus en plus fréquentes. Les gens commencent à penser que les musulmans sont en train de gagner la guerre en Europe», a déclaré le leader de Voorpost. 

En Europe du Nord, les groupuscules d'extrême droite s'organisent

Cette recrudescence du succès des mouvements nationalistes s'est propagée depuis quelques mois un peu partout en Europe. Dans les pays scandinaves, le groupe des Soldats d’Odin qui se dit être «une organisation patriotique luttant pour toute la Finlande» et dont les patrouilles sont censées «faire fuir les intrus islamistes» qui «engendrent insécurité et hausse de la criminalité» suscite la crainte depuis deux mois.

Le 13 février, un groupe de 14 hommes en manteaux noirs portant le symbole des Soldats d’Odin a patrouillé pendant trois heures dans les rues de la ville de Tonsberg, dans le sud de la Norvège. Selon le journal local Tønsberg Blad, certaines figures éminentes de l’extrême droite norvégienne, qui avaient été emprisonnées, étaient parmi les activistes.

Fin janvier, à Stockholm, en Suède, un groupe d’environ une centaine d’hommes masqués et cagoulés avait défilé dans le centre de la capitale, distribuant des tracts et menaçant de s’en prendre aux jeunes migrants. 

La police locale a confirmé sur son site internet, que les brochures étaient conçues pour inciter les gens à s'en prendre aux réfugiés, dont certains ont été passés à tabac.

Suite à l’attaque, le Mouvement de résistance suédois, un groupe néo-nazi, a publié un communiqué prétendant que les groupes avaient «nettoyé la zone près de la gare centrale des immigrants criminels d’Afrique du Nord qui y logent».

A Düsseldorf en Allemagne, un collectif, intitulé Düsselorf is watching, littéralement «Düsseldorf veille» a été lancé, suite aux attaques de la nuit de la Saint-Sylvestre au cours desquelles, des centaines de jeunes femmes avaient été agressées sexuellement par de nombreux jeunes-hommes, principalement des migrants.

PEGIDA, le mouvement islamophobe allemand reste le plus médiatisé. Il organise des actions «contre l’islamisation de l’Europe» et les réfugiés depuis le mois d’octobre 2014. Les partisans de PEGIDA sont devenus plus actifs alors que les migrants continuent d’affluer en Allemagne. Le ministre allemand de l’Intérieur, Thomas de Maizière, a qualifié les responsables de PEGIDA d’«extrémistes de droite radicaux».

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