Cette option signifierait un «élargissement de l'auto-administration formée par différents groupes ethniques dont les Kurdes», a déclaré à Reuters Idris Nassan, un fonctionnaire de la Direction des affaires étrangères de Kobané, l'une des trois zones autonomes mises en place par des groupes kurdes il y a deux ans.
Le nouveau territoire prendrait le nom de Fédération de Syrie du Nord et représenterait tous les groupes ethniques qui y vivent.
D’après Reuters, le 10 mars dernier la Russie a pris part aux négociations sur la fédéralisation de la Syrie qui maintiendrait l'unité du pays tout en garantissant une large autonomie à des entités régionales. Le Kremlin a cependant immédiatement nié sa responsabilité en précisant que de telles négociations n’avaient jamais eu lieu.
«Fédéralisation» ne veut pas dire «détachement», mais «rapprochement multi-ethnique»
Selon les représentants des kurdes, cette étape est une réponse à l'échec d'inviter les kurdes à participer aux pourparlers de Genève. Les kurdes espèrent que cette expérience sera utile pour le pays et pourra contribuer à établir la paix. Par ailleurs, ils souhaitent unifier les différentes milices formées sur des bases ethniques et religieuses.
Par ailleurs, le représentant du Parti de l'union démocratique kurde à Moscou, Ali Abd Salam, a déclaré à RIA Novosti que déclarer l'autonomie du Kurdistan syrien ne voulait pas dire quitter la Syrie.
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«Nous ne voulons pas que le Rojava syrien (nom donné au Kurdistan NDLR) soit déconnecté de la Syrie, nous proclamons une fédération au sein du territoire syrien», a expliqué Abdul Salam Ali. «Nous espérons que notre exemple sera utile pour aux autres nationalités et religions qui vivent en Syrie, comme les sunnites et les allaouites», a-t-il ajouté.
«Une divison en trois cantons distincts dans le nord de la Syrie devrait être possible d'ici quelques jours», a expliqué Abdul Salam Ali.
Le chef représentant du Kurdistan syrien en Russie a par ailleurs ajouté à RIA Novosti que «la création de la fédération profitera non seulement aux Kurdes, mais également aux Arabes, aux Turcs, aux Assyriens, aux Tchétchènes, aux Turkmènes, en somme, à tous les éléments d'une société syrienne multi-ethnique».
Une décision qui ne plaît pas à tous les kurdes
Dans le même temps, les représentants de plusieurs partis kurdes sont réunis dans la ville de Ramila dans la province d'Al-Hasaka, a déclaré le secrétaire général du Parti de la jeunesse de la justice et du développement Baruin Ibrahim.
L'officiel a déclaré à l'agence Spoutnik, que les partis n'étaient pas satisfaits de la décision des autres parties d'annoncer la fédéralisation des territoires dans le nord de la Syrie.
Par ailleurs, le gouvernement central de la Syrie ne reconnaît pas cette autonomie. Dans le même temps, la guerre en Syrie coupe quasi-totalement les territoires du Nord de la Syrie du reste du pays, empêchant le président Bachar el-Assad d'avoir quelque controle sur le potentiel futur Kurdistan syrien où vivent près de 4,6 millions de personnes, dont 2,5 millions de Kurdes.
Damas et Ankara rejettent l'idée d'une fédéralisation
Lors des pourparlers à Genève, le chef de la délégation du gouvernement syrien Bashar Jaafari s'est prononcé contre l'initiative de fédéralisation.
«Nous parlons ici [à Genève NDLR] de la façon de préserver l'unité de la Syrie, son indépendance et son intégrité territoriale», - a déclaré Bachar Jaafari lors d'une conférence de presse mercredi.
«La création de toute distinction entre Syriens serait une grosse erreur», a-t-il ajouté, soulignant que «les Kurdes syriens sont une partie importante du peuple syrien».
La Turquie, elle, soutient l'unité nationale de la Syrie et refuse les mesures unilatérales telles que la déclaration d'une fédération, selon un fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères, cité par Reuters sous couvert d'anonymat.
Le fonctionnaire turc a déclaré que la forme et la structure administrative du gouvernement de la Syrie devra être décidée par toutes les sections du peuple syrien par le biais d'une nouvelle constitution.