«Si les Kurdes sont exclus des négociations sur l’avenir de la Syrie, comment pouvez-vous espérer qu’ils veuillent rester dans cet Etat ?», a déclaré Sergueï Lavrov dans une interview accordée à la chaîne de télévision russe REN TV.
«Nous pensons que le processus qui commence à Genève doit nécessairement inclure les Kurdes, si nous pensons tous vraiment ce que nous disons quand nous affirmons notre engagement pour la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Syrie», a-t-il poursuivi.
Le chef de la diplomatie russe a aussi souligné que Moscou «insisterait vivement pour que l'ONU ne cède pas aux ultimatums et envoie une invitation aux Kurdes pour qu'ils se joignent à la table des négociations dès le tout début des discussions».
En évoquant des ultimatums, Sergueï Lavrov faisait allusion à la Turquie, qui s’oppose à la participation des Kurdes dans les négociations de paix, alors même qu’ils constituent la force militaire essentielle qui lutte contre Daesh. En outre, le ministre russe a aussi mis en évidence qu’Ankara poursuivait une «expansion rampante» en Syrie.
«Tout en demandant à ce que les positions kurdes ne soient pas renforcées en Syrie, la Turquie revendique son droit souverain à créer des zones de sécurité dans le territoire syrien. Selon nos informations, ils se sont déjà installés à plusieurs centaines de mètres de la frontière, à l'intérieur du territoire syrien [...] C'est une expansion rampante», a-t-il conclu.
Cette interview pour une chaîne de télévision russe a été donnée à la veille de l'ouverture d'un nouveau cycle de négociations entre Damas et l'opposition, prévues du 14 au 24 mars à Genève. Le cycle précédent s'était achevé le mois dernier sans résultats tangibles, mais les parties s’étaient tout de même accordées sur un cessez-le-feu sur le terrain le 26 février sous la pression de la Russie et des Etats-Unis.