«Il semble que le journal est décédé vendredi soir (le 4 mars) mais le lendemain matin on l’a réanimé dans un autre corps», a déclaré Mustafa Edip Yilmaz, rédacteur de la version anglaise du journal turc, Today's Zaman.
D’après les estimations, avant la reprise en main du journal par Ankara et le changement de ses managers, ses ventes quotidiennes se chiffraient aux alentours de 650 000 exemplaires alors que maintenant il ne s'en vend plus que 6 000.
Avant le 4 mars, Zaman était le plus important journal d'opposition turc. Il a fait l'objet d'accusations émanant des autorités selon lesquelles il aurait entretenu des liens présumés avec le religieux musulman Fethullah Gülen, qui vit aux Etats-Unis et que le gouvernement accuse d'avoir tenté de renverser le régime. Mais pour de nombreux journalistes et observateurs, le quotidien paye sa ligne éditoriale considérée comme trop virulente envers le pouvoir. Depuis sa mise sous-tutuelle débouchant ainsi sur sa nationalisation, Zaman affiche une ligne éditoriale clairement pro-gouvernementale, ce qui a provoqué la chute drastique de l’intérêt de ses lecteurs.
Depuis plusieurs mois, les médias d'opposition turcs font l'objet d'une répression sans précédent. La semaine dernière, sur des allégations de «diffusion de propagande terroriste», les émissions de la chaîne IMC TV ont été stoppées en plein milieu d'une interview de journalistes du quotidien national Cumhuriyet, actuellement en attente de leur procès.