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MSF confirme ne pas avoir transmis les coordonnées GPS de ses hôpitaux aux armées syrienne et russe

Médecins sans frontières (MSF) n'a pas donné les coordonnées GPS des installations de santé qu’elle soutient en Syrie ni à Damas, ni à Moscou, de peur que cela n'accroisse le risque de bombardement, a fait savoir l'organisation humanitaire.

«Nous avons transmis aux ambassadeurs russes à Paris et à Genève les coordonnées de trois hôpitaux situés dans les zones de conflit intense, mais pas de tous, et c’est une décision prise ensemble avec le personnel médical des établissements de santé que nous soutenons», a expliqué Isabelle Defourny, directrice des opérations de MSF France.

L'ONG a dénoncé notamment l’attaque sur un hôpital soutenu par MSF qui s'est produite dans la région de Maaret al-Noomane, le 15 février. «D'après le récit de notre personnel sur place, quatre missiles ont frappé l'hôpital lors d'une attaque qui a duré deux minutes. Quarante minutes plus tard, quand les secours sont arrivés, le site a de nouveau été bombardé», a déploré Joanne Liu, présidente internationale de MSF. Au total, ces raids de Maaret al-Noomane ont fait 25 victimes, dont neuf membres du personnel de santé et dix autres blessés.

Selon MSF, les coordonnées de localisation n’avaient pas été partagées, ni avec les autorités syriennes ni avec les représentants russes, pour des raisons de sécurité invoquées par les médecins opérant en Syrie. «Le personnel de l’hôpital et son directeur ne savaient pas s’ils seraient mieux protégés en fournissant leurs coordonnées GPS ou pas», a expliqué Isabelle Defourny.

La directrice des opérations a également rappelé qu’une attaque américaine en octobre dernier contre un hôpital à Kunduz, en Afghanistan, avait fait 30 morts et montré que «donner des coordonnées ne garantit pas d'être protégé» des frappes.

Aller plus loin : hôpital de MSF à Kunduz, le bilan s'alourdit à 30 morts, l'OTAN retarde la parution de son rapport

La «probabilité mais pas la certitude»

L’ONG cherchant à obtenir une enquête indépendante, a déjà jugé «probable» que les forces aériennes russes et l’armée syrienne sont responsables de ces frappes sur l’hôpital à Maaret al-Noomane. Cependant, MSF a reconnu ne pas être en mesure d'évaluer la situation autrement que sur la foi des indications de ses équipes sur le terrain.

«Nous disons "probabilité" puisque nous ne disposons pas d'informations autres que celles fournies par notre personnel», a ajouté la présidente de l’ONG, Joanne Liu. Le Pentagone n'a pas non plus été à même d'étayer par des preuves les allégations selon lesquelles Damas et Moscou seraient responsables de cette attaque meurtrière.

Dmitri Peskov, porte-parole du président russe a, de son côté, rejeté les accusations, appelant ceux qui les formulent à fournir des preuves solides.

Il est à noter que l'organisation MSF ne prévoit pas de se retirer de Syrie. En 2015, MSF a comptabilisé 7 009 décès et plus de 154 000 blessés dans quelque 70 hôpitaux et centres de santé qu'elle soutient en Syrie, cibles de plus de 80 attaques, selon un rapport publié le 18 février.