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WikiLeaks révèle des documents sur les opérations militaires de l'UE contre le flux de réfugiés

L'action du groupe cybermilitant vise à révéler au grand public des documents sur les six premiers mois de l'Opération Sophia, de l'UE, qui visait à contrer les bateaux de réfugiés dans la Méditerranée et près des côtes libyennes.

L'organisation fondée par Julian Assange a publié un rapport classifié et détaillé des opérations militaires de l'UE afin de tacler la crise migratoire traversée par le continent.

Le document fuité, qui date du 29 janvier 2016, a été écrit de la main du commandant des opérations, l’Amiral de la marine italienne Enrico Credendino, pour le Comité militaire de l’Union européenne et le Comité de Politique et de Sécurité.

Il présente les statistiques sur l’arrivée de réfugiés en Europe et détaille les différentes phases des opérations planifiées et réalisées par les forces conjointes de l’UE en Méditerranée. 

Le rapport met également la pression sur les organismes européens compétents pour qu’ils hâtent le processus de formation d’un gouvernement «de confiance» en Libye, qui autoriserait les forces de l’UE à agir à l’intérieur de ses eaux territoriales, et pourrait ainsi permettre aux opérations militaires européennes de s’étendre.

La publication intervient environ six mois après l’annonce de l’Opération Sophia, qui impliquait 22 Etats membres et un staff de 1 300 personnes. Ceux-ci devaient capturer les bateaux suspectés de faire passer des migrants par la Méditerranée. 

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L'objectif de cette opération est surtout de couper court aux routes utilisées par les trafiquants d'êtres humains, plutôt que de stopper le flux migratoire, comme l'expliquait un document explicatif publié par l'Institut de l'Union européenne pour les Etudes de Sécurité en juillet 2015.

L’Institut a toutefois noté qu’il y avait un «réel manque de certitude sur [la question de savoir] si l’opération sera jamais capable – pour des raisons soit légales soit politiques – de remplir son mandat, c’est-à-dire neutraliser les réseaux de trafic (…) sur la côte libyenne et sur terre».

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Concernant les Etats membres participant à l’opération, il a estimé que «seul un tout petit nombre (…) a les capacités et l’expérience pour de telles missions, sans parler de la volonté». Selon l’Institut, l’opération ne constitue d’ailleurs pas une «solution» à la crise des réfugiés, qui est la plus grave traversée par l’Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Le nombre de nouvelles arrivées devrait lui encore augmenter cette année.