«La douleur causée aux civils est absolument inacceptable», a fait savoir dans un communiqué Nicholas Haysom, chef de la Mission d'assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA),
Au moins 3 545 non-combattants sont décédés et 7 457 autres ont été blessés dans les combats, soit une augmentation de 4% par rapport à l’année dernière, a indiqué l’organisation internationale dans son rapport annuel sur les victimes civiles.
C’est la bataille désespérée entre les forces gouvernementales soutenues par l’Occident et les groups d’insurgés qui a fait tant de morts parmi les non-combattants, pris entre deux feux. Selon les enquêteurs, il existe deux développements qui ont provoqué cette croissance du nombre de morts.
Qui est responsable ?
De violents combats dans la ville de Kunduz, tombée en septembre dernier sous le contrôle des Talibans, et une vague d’attentats suicides qui a tué et blessé des centaines de personnes dans la capitale Kaboul en 2015 sont les facteurs principaux de la hausse.
Les combats au sol en ont été la cause principale avec 37% des pertes civiles, suivi par les bombes posées en bord de route pour 21%, et les attaques suicides avec 17%.
Les femmes et les enfants ont été durement touchés, le nombre de victimes parmi les femmes ayant grimpé de 37% tandis que les morts et les blessés parmi les enfants se sont accrus de 14%.
Les victimes attribuées aux forces progouvernementales de sécurité ont augmenté de 28% par rapport à 2014.
Une hausse de 9% des victimes civiles causées par les forces militaires gouvernementales a été largement causée par les frappes aériennes américaines en octobre sur l’hôpital de Médecins Sans Frontières, qui a tué 42 personnes parmi le personnel, les patients, les membres des familles et blessé 43 autres.
Au total, plus de 103 civils ont été tués et 67 blessés par les forces étrangères l’année dernière, a révélé le rapport.
Les Talibans prennent de l’ampleur
Déjà tendue, la situation dans le pays s’est détériorée ces derniers mois, alors que les Talibans, qui contrôlent déjà de vastes pans de territoires dans les régions rurales et montagneuses du pays, ont lancé une vaste offensive sur les grandes villes.
En décembre le groupe a repris la quasi-totalité du district de Sangin de Helmand, sauf les quartiers généraux de la police. Fin septembre, les rebelles ont pris la ville de Kunduz, dans le nord du pays, qui compte plus de 300 000 habitants. Ils ont gardé le contrôle de la ville pendant plusieurs jours avant que les forces du gouvernement ne la reprennent avec le soutien des forces aériennes américaines.
Les groupes d’insurgés comme les Talibans ont été accusés de 62% des morts parmi les civils ces dernières années. Les enquêteurs ont blâmé les insurgés pour avoir utilisé des tactiques qui ont «délibérément ou aveuglement» causé des pertes civiles.
«La prévision d’une poursuite des combats dans les mois qui viennent combinés aux niveaux actuels de victimes civiles, démontre le besoin critique de la prise de mesures immédiates par toutes les parties prenantes au conflit afin d’empêcher les torts causés aux civils», a signalé Danielle Bell, directeur des Droits de l'homme à la MANUA.
Depuis que les victimes civiles sont systématiquement enregistrées en Afghanistan en 2009, les Nations unies ont documenté presque 59 000 morts et blessés.