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Lavrov : les USA ne doivent pas relancer leurs relations qu’avec la Russie mais avec le monde entier

Le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov donne une conférence de presse au cours de laquelle il passe en revue les résultats de la diplomatie russe pour l’année passée.

Mardi 26 janvier

«La Russie continue de proposer d'unir les efforts de ses forces aériennes  et de celles de la coalition internationale menée par les Etats-Unis, mais les Américains refusent», a précisé Sergueï Lavrov en répondant à la question de RT. 

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Alors qu'il posait une question sur les relations entre la Russie et le Royaume-Uni, le journaliste de Skynews a accusé la Russie de la mort de Litvinenko. Le ministre des Affaires étrangères russe a, à son tour, répété que la justice du Royaume-Uni accusait la Russie «sans fournir de preuve».

Il a aussi rappelé les paroles de David Cameron qui,  avait déclaré qu’il était choqué par les faits décrits dans l'enquête  avant d'en avoir eu connaissance. «Cette situation ressemble à l’histoire avec le Boeing malaisien, quand nos homologues américains disaient qu’ils savaient la vérité mais attendaient les résultats de l’enquête des Hollandais», a-t-il poursuivi.

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«Pourquoi n’a-t-on pas procédé à une seconde autopsie du corps comme le demandait le frère de Litvinenko ?[…] Il y a suffisamment d'éléments pour incriminer le mensonge de Royaume-Uni.»

«En ce qui concerne les relations bilatérales, je suis absolument d’accord avec le ministère des Affaires étrangères britannique, l’affaire  Litvinenko compliquera encore nos relations déjà tendues», a conclu le chef de la diplomatie. 

«Les relations entre les Etats-Unis et la Russie se sont refroidies il y a longtemps, bien avant la crise en Ukraine», a déclaré Sergueï Lavrov, en évoquant les événements des deux dernières décennies. Il a mis en évidence que les Etats-Unis avaient commencé à oeuvrer à l'isolement de la Russie depuis l’affaire Magnitski. «Puis on a procédé à l’exil d’Edouard Snowden».

D’après le ministre, la crise en Ukraine n’est qu’un paragraphe dans cette liste.

Pour cette raison, le chef de la diplomatie russe est persuadé que les Etats-Unis relanceront leurs relations non seulement avec la Russie mais avec le monde entier.

«Les accords de Minsk-2 doivent être mis en oeuvre par l’Ukraine et non par la Russie, tout le monde le comprend. Mais le gouvernement ukrainien voit dans la prolongation des sanctions anti-russes un signe qu’il peut s'abstenir de respecter ces accords», a conclu le chef de la diplomatie russe. 

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Un journaliste turc du journal Hurriyet a rappelé les paroles du président russe lors de la conférence de Munich, quand il a déclaré que «l'UE avait davantage besoin de la Russie que la Russie n'avait besoin d'elle».

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Selon Sergueï Lavrov, rien n’a changé car depuis l’imposition des sanctions, la Russie s’est mise à douter de la crédibilité de ses partenaires européens et à chercher d’autre voies de développement, tandis que «nos partenaires européens, quand ils nous rencontrent dans des plateformes internationales, nous demandent de chercher des voies de mise en oeuvre  des accords de Minsk-2 comme préalable à la levée des sanctions».

Les journalistes ont aussi évoqué le conflit syrien et les pourparlers qui devraient avoir lieu dans le plus proche délai. Hier, a été dévoilée la liste des participants, mais le chef de la diplomatie russe a précisé que des négociations de paix sans participation des Kurdes syriens «ne porteraient pas de fruits» car ils sont l’une des principales forces luttant contre les terroristes de Daesh.

Toutefois, la Russie n'opposera pas son véto si les Kurdes ne sont pas invités. «C’est le droit de Stephan de Mistura. Il doit assumer ses responsabilités et ne pas se cacher derrière les Etats-Unis ou la Russie, où suivre l'avis de ceux qui essayent d’imposer leur volonté au groupe de soutien à la Syrie».

«La Russie n’a aucun intérêt à l'affaiblissement ou à l'éclatement de l’UE. Nous avons intérêt à une UE unie et forte avec laquelle on peut coopérer sur les questions économiques et dans les autres domaines», a-t-il poursuivi.

«Avec l’Allemagne, nous avons un dialogue intense au niveau supérieur, entre le président russe et la chancelière allemande et au niveau d’autres ministres. […] Nord Stream-2 est un projet commercial, avantageux pour l’Europe et pour la Russie». Pourtant, on essaie de critiquer la Russie  «sur le plan idéologique, car ce projet nuirait à l’Ukraine, même si on sait pourquoi on a entrepris le travail visant à s’affranchir du transit ukrainien», a conclu le ministre des Affaires étrangères russe.

«On voit une ligne non constructive et dangereuse menée contre la Russie, notamment le renforcement du potentiel militaire de l’OTAN près des frontières russes». D’après le ministre, ces actions sont «déstabilisantes et à courtes vues».

Pourtant, la politique visant à restreindre la Russie continue, même s’il y a longtemps qu’il aurait fallu y renoncer

En ce qui concerne la coopération avec les pays occidentaux, Sergueï Lavrov a souligné que Moscou était «prêt à une coopération étroite et constructive avec les partenaires occidentaux, y compris les Etats-Unis et l’UE. Nous sommes ouverts au développement progressif, mais sur une base mutuellement avantageuse et sans intervention dans les affaires internes de l’un et de l’autre.  […] Pourtant, la politique visant à restreindre la Russie continue, même s’il y a longtemps qu’il aurait fallu y renoncer. Cette politique aurait due être reléguée aux archives, mais l'on continue de nous blâmer pour notre politique extérieure indépendante».

Les relations russo-canadiennes : il est temps de remédier aux erreurs du passé

En parlant des relations avec le Canada, le chef de la diplomatie a précisé que la Russie avait plusieurs intérêts communs avec le Canada, notamment dans l’exploitation de l’Arctique. Pourtant, ces relations ont connu récemment des hauts et des bas. Ces deux dernières années, le gouvernement de Stephen Harper a ignoré les relations avec  la Russie en agissant de manière «impulsive».  Mais le président Poutine a déjà rencontré le nouveau Premier ministre canadien ce qui signifie qu’il est temps de «remédier aux erreurs du passé».

En répondant aux questions des journalistes russes sur les défis auxquels le monde sera confronté cette année, le  ministre des Affaires étrangère a précisé qu’il faudrait adapter le monde aux «nouveaux processus». «Il faut développer des résolutions auxquelles tous les Etats donneront leur accord.  […] On a besoin d’un  approche systématique».

«La situation de l’économie mondiale a été instable, et l’on a assisté à des tentatives de certains acteurs, à l’échelle internationale, de promouvoir leurs propres intérêts au détriment des autres et de créer des unions économiques fermées», a déclaré le ministre des Affaires étrangères russe.

Les actions des forces aériennes russes en Syrie ont aidé à réduire l’étendue de la région occupée par les terroristes

Sergueï Lavrov a rappelé les appels du président russe à former une large coalition anti-terroriste et les résultats des bombardements russes en Syrie qui ont aidé l’armée syrienne dans la lutte conte Daesh.

«Les actions des forces aériennes russes en Syrie ont aidé à réduire l’étendue de la région occupée par les terroristes. L’image de ce qui se passe est devenue plus claire. On voit qui lutte contre les terroristes et qui sont leurs complices qui essayent de les utiliser dans des buts égoïstes», a-t-il conclu.

Lors de la conférence de presse, le chef de la diplomatie russe répond à de  multiples questions liées à la situation en Syrie, en Ukraine, en Iran, et aux relations avec les Etats-Unis et l’UE.