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Le FBI a volontairement administré un site web pédopornographique dans une opération controversée

Pendant deux semaines l’année passée, les renseignements américains ont laissé des utilisateurs télécharger des milliers d’images illicites dans le cadre d’une opération infiltrée qui visait à arrêter les pédophiles derrière leur écran.

Le Département de la Justice a révélé que des agents du FBI avaient infiltré un site pédopornographique avec un logiciel spécial lui permettant d’identifier des centaines d’utilisateurs, parmi les 215 000 enregistrés sur le site illégal.

Cette nouvelle approche choisie par les services de renseignement tranche avec la tactique précédente de lutte contre la pédophilie en ligne. Ainsi, auparavant les agents avaient la consigne de supprimer immédiatement toute image pédophile circulant sur la toile, afin d’éviter que celle-ci ne soit recopiée et ne se multiplie sur les ordinateurs.

Une méthode d’action controversée

Si Ron Hosko, haut fonctionnaire du FBI, reconnait ce risque, il explique néanmoins au média américain USA Today avoir eu «une fenêtre d’opportunité pour rentrer dans l’un des endroits les plus sombres sur terre» et ne pas avoir eu d’autres options pour agir.

Mais cette méthode a été dénoncée par l’avocat d’un visiteur du site pornographique, condamné, qui a déclaré que «ce que le gouvernement a fait dans ce cas est comparable à inonder un endroit avec de l’héroïne dans l’espoir de mettre la main sur des utilisateurs de drogue douce».

Elizabeth Joh, professeur de droit à l’université Davis de Californie, et spécialisée dans les enquêtes infiltrées, estime pour sa part qu’«à un certain moment, l’enquête du gouvernement devient indiscernable du crime, et nous devrions nous demander si cela est correct».

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Le dark web en cause

Le site pédopornographique était en fait géré depuis ce qu’on appelle le dark web, une partie d’internet qui n’est pas accessible depuis les moteurs de recherche classiques, mais seulement via le navigateur Tor, garantissant un anonymat total aux visiteurs de pages web, parfois illégales. En renvoyant les données de l’utilisateur d’un ordinateur vers un autre, ce navigateur rend l’adresse IP pratiquement intraçable.

Les agents des services de renseignement ont souvent accusé des services internet tels que Tor de rendre possible un véritable paradis de la criminalité en cachant les adresses de réseaux des gens qui l’utilisent pour visiter des sites illégaux.

Des centaines de milliers d’utilisateurs

Si le dark web n’est pas accessible au grand public, le site infiltré par le FBI était néanmoins devenu «le plus grand service de pédopornographie caché existant dans le monde», selon les termes du Département de la Justice. Utilisé par des centaines de milliers d’internautes, le site contenait même une section «nourrissons», ont souligné les rapports de l’audience.

Le Département de la Justice américain a indiqué que les agents avaient jusque maintenant pu retrouver les adresses physiques de 1 300 cybercriminels.

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