L’épouse du bloggeur, Ensaf Haidar, qui a trouvé refuge avec ses trois enfants à Québec, a déclaré, dans le journal canadien The Globe and Mail que «la première chose» que le Premier ministre Justin Trudeau devrait faire pour l’aider serait d’accorder un passeport à son mari, Raif Badawi. Elle estime en effet que cette manœuvre permettrait à Ottawa de faire pression sur Riyad dans ce dossier.
S’exprimant à ce sujet, le ministre des Affaires étrangères Stéphane Dion a pour sa part déclaré que les Saoudiens ne reconnaissant pas «la double nationalité», le fait d’accorder la citoyenneté à Badawi ne serait pas «une raison pour eux de réfléchir à le libérer». Il a ajouté que le Québec n’octroierait celle-ci au blogueur que s’il était libéré par Riyad.
Sur Twitter, Ensaf Haidar, qui s'est peu à peu muée en véritable tête de file d'un mouvement international d'appel à la libération de son mari, a fait part de sa «déception» quant au «manque de réponse» du gouvernement canadien dans ce dossier et a accusé ce dernier de ne pas faire assez d'efforts.
La décision revendiquée par la femme du condamné compliquerait les relations économique entre les deux pays, et mettrait en danger le contrat, controversé, de 15 milliards de dollars signé pour 14 ans par le Canada afin de vendre des véhicules armés à l'Arabie saoudite.
L'épouse de Raif Badawi s’est montrée reconnaissante à l'égard de la campagne internationale appelant à libérer son mari qui a selon elle montré que «le monde est de notre côté». Elle a toutefois déploré le manque de résultats concrets, ajoutant qu’«aucun réel changement n’a eu lieu».
Quant à Alex Neve, secrétaire-général de l’ONG Amnesty International Canada, qui a participé aux appels à la libération de l’écrivain saoudien, il «exhorte le gouvernement canadien d’explorer toutes les stratégies possibles pour s’assurer de la libération de monsieur Badawi, lui permettant de retrouver sa famille au Canada. Lui accorder la nationalité (…) pourrait booster l’efficacité du plaidoyer du Canada» en faveur de l'amnistie de Raif Badawi, conclut-il.