Economie

Une entreprise australienne accusée de «se vendre» à la Russie en organisant des voyages en Crimée

Une entreprise australienne a appris à ses dépens qu’on ne peut pas vendre des voyages en Crimée sans risquer d’être puni pour cela. La société Gateway Travel a été accusée de se vendre à la Russie pour vouloir organiser de tels voyages.

Cette compagnie, basée à Sydney en Australie, souhaite opérer des séjours touristiques en Crimée, rattachée à la Russie en 2014 à la suite d’un référendum populaire, où plus de 96% de la population a choisi de rejoindre la Russie après le coup d’Etat de février 2014 et l’arrivée au pouvoir à Kiev, de nouvelles autorités.

Résultat : la Fédération australienne d’organisations ukrainiennes, qui représente les 24 organisations communautaires les plus importantes d’Ukraine en Australie, a porté plainte. Stefan Romaniwa, président de la Fédération, s’est emporté contre le tour opérateur qui avait annoncé à la mi-décembre 2015 qu’il allait offrir des voyages dans la péninsule de Crimée, qui débuteront entre mai et octobre 2016.

«Se vendre à ceux qui ont peu de considération pour les valeurs australiennes, ceux qui sont accusés d’avoir abattu le MH17 et soutenu ceux qui ont envahi la Crimée, va à l’encontre du sentiment australien», a confié Stefan Romaniwa à la branche australienne d’Associated Press.

Stefan Romaniw a donc rédigé une lettre adressée au gouvernement australien pour se plaindre tandis que Gateway Travel a, pour sa part, défendu son point de vue cependant, défendu sa position. Sa porte-parole, Tonia Kisliakov, a déclaré qu’il s’agissait d’une décision «non politique».

«Si des gens veulent se rendre en Crimée et que nous pouvons leur obtenir un visa russe, ils peuvent y aller», a-t-elle indiqué. «Si cela déplait au gouvernement ukrainien, alors pas de chance. La Crimée appartient à la Russie en ce moment».

«Si elle [péninsule de Crimée] revient à l’Ukraine plus tard, ce dont je doute sincèrement, alors elle deviendra ukrainienne. Mais je ne vois pas ce qu’il y a de mal parce que des gens s’y rendront», a poursuivi la porte-parole.

Le gouvernement australien a soutenu les puissances occidentales lors du conflit en Ukraine. Après le crash du vol MH17, qui a fait 298 morts, parmi lesquels 38 Australiens le 17 juillet 2014, l’Australie faisait tout ce qui était en son pouvoir pour répondre à «la menace russe contre la souveraineté de l’Ukraine». Premièrement, elle n’a pas reconnu le rattachement de la Crimée à la Russie et a également imposé des sanctions contre Moscou.

L’autorité australienne de surveillance de la branche touristique continue de mettre en garde contre «tout voyage» en Crimée, estimant qu’il y règne un «risque très élevé», ajoutant que les polices d’assurance voyage habituelles seront nulles et que le gouvernement australien ne sera pas en mesure de fournir une aide quelconque si quelque chose d’imprévu devait s’y produire un jour.

En octobre dernier, des enquêteurs néerlandais ont publié un rapport longuement attendu sur les causes du crash du MH17. Ils ont conclu que le Boeing 777 de Malaysian Airlines avait bien été abattu au-dessus du territoire ukrainien par un missile sol-air tiré depuis un système de missiles Bouk.

Les enquêteurs ont néanmoins relevé la faute des autorités ukrainiennes qui n’avaient pas fermé leur espace aérien à l’aviation civile dans cette zone, même si plusieurs avions militaires y avaient été abattus peu de temps auparavant.