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Pegida : le mouvement islamophobe allemand renaît de ses cendres

Leipzig contre l'Islamisation de l'Occident (Legida), pendant de Pegida dans la ville est-allemande, fête ses un an. L’occasion de revenir sur l’histoire d’un mouvement d’ampleur, débuté en octobre 2014, qui a essaimé partout outre-Rhin.

C’est l’histoire d’un ex-braqueur qui se retrouve à la tête d’un des plus importants mouvement islamophobe d’Europe. Le 20 octobre, Lutz Bachmann fonde Pegida. Cinq lettres pour : «Les Européens patriotes contre l’islamisation de l’Occident.» Cet ancien cuisinier, reconverti dans la publicité, a notamment été condamné à trois ans et demi de prison ferme pour une série de cambriolage commis dans les années 90. Aujourd’hui, il est le leader des pourfendeurs de la politique migratoire de la chancelière Angela Merkel. Et dans son sillage, se trouvent des milliers d’Allemands, partout sur le territoire. Du succès au tassement jusqu’au regain de popularité, RT France vous propose de vous replonger dans l’histoire d’un mouvement politique qui a fait des petits :

Vous l’aurez compris, en à peine 16 mois d’existence, Pegida est passé par tous les états. Aujourd’hui, la crise migratoire et les événements de Cologne lui donnent les cartes en main pour renaître de ses cendres. Mais cela passera par étendre ses racines hors des frontières allemandes. Début 2015, quand le mouvement était à son apogée, des embryons de branches étrangères avaient vu le jour. Des sympathisants de Pegida avaient manifesté à Oslo, en Autriche, en Suisse et même à Londres, en avril.

En France, l’écrivain Renaud Camus, connu pour sa théorie du «grand remplacement», avait souhaité organisé une manifestation de soutien à Pegida en janvier. Devant le refus de la police, les organisateurs avait opté pour une discrète conférence de presse dans le quartier de l’Opera à Paris. En présence de Melanie Dittmer, représentante de Pegida, Renaud Camus avait annoncé la création d’une antenne française du mouvement. En novembre dernier, 100 à 200 d’entre eux manifestaient à Calais scandant : «la France aux Français, Calais aux Calaisiens».

Mais depuis, plus rien… ou presque. Cependant, le mouvement reprenant des couleurs, on recommence à voir des manifestations de Pegida à l’étranger. C’était notamment le cas le 9 janvier à Anvers en Belgique. Plusieurs centaines de personnes, dont certaines venues des Pays-Bas, ont défilé contre le «terrorisme, l’islamisation et les abus du droit d’asile». 

Côté allemand, pour avoir une vision de la situation actuelle de Pegida, vous pouvez jeter un oeil à la carte interractive ci-dessous :

Politique et «dédiabolisation»

Lutz Bachmann le sait. Pour grandir, il faudra avoir des élus. Il a déjà fait plusieurs fois référence à sa volonté de voir Pegida s’affirmer en véritable force politique. En juillet dernier, il déclarait : «L'an prochain, nos candidats seront en lice pour quatre élections régionales en Allemagne.» Il faut dire que le test Tatjana Festerling a été concluant. L’année dernière, la candidate estampillée Pegida a obtenu 10% des voix au premier tour des élections municipales de Dresde et ce malgré un budget des plus serré et une organisation modeste.

Lutz Bachmann sait également qu’il faudra éviter les polémiques. Sa photo le montrant grimé en Hitler et publiée dans Bild en janvier 2015 lui a servi de leçon. Son mouvement est régulièrement taxé d’être raciste et d’avoir des liens avec des groupuscules néo-nazis. La démonstration des militants de Bergida, branche berlinoise de Pegida, en septembre dernier n’a pas aidé sa cause. On a pu y voir des militants exécuter des saluts nazis et s’opposer aux forces de l’ordre. Pas sûr que le logo du collectif, montrant un bonhomme jetant à la poubelle un sigle nazi n’aide vraiment à améliorer l’image des «patriotes» allemands.

Si Pegida ne peut pas se targuer d’avoir totalement redresser la barre, force est de constater qu’il reprend du poil de la bête. Pour preuve, peu avant les événements du 31 décembre à Cologne, la musique la plus téléchargée sur la plateforme d’Amazon n’était ni plus ni moins que... l’hymne de Pegida ! Le géant américain avait d’ailleurs pris partie en promettant de reverser une partie de l’argent gagnée à des associations de défense... des migrants.