Les procureurs turcs demandent une condamnation à la prison à vie pour l’un des opposants au président du pays, accusé d’avoir organisé un coup d’Etat.
Le procès est la dernière action dans la campagne contre Fethullah Gülen, un allié devenu ennemi, accusé d’avoir établi un «État parallèle» dans les services de sécurité et judiciaires turcs qui a orchestré une enquête sur la corruption qui a menacé de déstabiliser le gouvernement du président Recep Tayyip Erdogan. L’action judiciaire se déroule deux mois après que l’AKP ait remporté les élections législatives avec une large majorité lui permettant de poursuivre de gouverner seul.
Promoteur d'un islam modéré, M. Gülen dirigeait un vaste réseau d'écoles, d'ONG, d'entreprises et de médias sur lequel M. Erdogan s'est longtemps appuyé pour asseoir son autorité sur la Turquie après l'arrivée au pouvoir de son parti en 2002.
Mais celui qui était alors Premier ministre lui a déclaré publiquement la guerre à partir de décembre 2013, convaincu que son ex-allié avait piloté les enquêtes anti-corruption ouvertes contre plusieurs de ses ministres et des membres de sa famille. Ce scandale a provoqué le départ de quatre ministres et fait les délices des réseaux sociaux, qui ont reproduit les extraits de conversations téléphoniques très compromettantes pour M. Erdogan et son propre fils Bilal.
Au prix de purges sans précédent, notamment dans la police et la justice, M. Erdogan a fait classer sans suite toutes les investigations qui le visaient. Et il a ordonné des représailles tous azimuts contre les partisans de l'imam et ses intérêts financiers. Au total, 1.800 personnes soupçonnées d'appartenir à la nébuleuse güleniste ont été arrêtées depuis, selon les médias proches du pouvoir. Malgré ses demandes répétées, le chef de l'Etat n'a toutefois pas obtenu de Washington l'extradition de son ennemi.
L’acte d’accusation concerne 69 prévenus, dont Fethullah Gülen, accusé de «tentative de reverser le gouvernement ou d’essayer de l’empêcher de remplir ses devoirs en utilisant la force et la violence».
«J’estime que ce procès devrait durer aux alentours de cinq ans» a déclaré Nurullah Albayrak, l’avocat Fethullah Gülen. «C’est un procès totalement politique» a-t-il ajouté. «Si la cour décidait aujourd’hui selon les circonstances actuelles, il y aurait certainement une condamnation, indépendamment de ce qui peut se trouver dans le dossier. Je pense que si les circonstances changent, alors la cour pourrait décider de prendre sa décision en fonction des faits, et là il n’y aurait aucun doute : mon client serait acquitté».
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