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La Corée du Nord affirme avoir effectué un essai nucléaire réussi d’une bombe à hydrogène

Mercredi matin, la télévision nord-coréenne a annoncé que le pays a effectué avec succès le premier essai de bombe à hydrogène «miniaturisée», initialement considéré comme un séisme. Il s’agirait du quatrième essai nucléaire de Pyongyang.

«A travers ce dernier test, qui est le produit de notre technologie avancée et de notre main-d’œuvre, la RPDC [République Populaire Démocratique de Corée] confirme que les spécificités technologiques de la bombe que nous avons récemment développée sont bonnes et démontre scientifiquement l'impact de notre bombe H miniaturisée», d’après la déclaration «d’extrême importance» effectuée à midi (heure locale).

«Il a été confirmé que l’essai nucléaire de cette bombe, conduit en parfaite sécurité, n’a pas eu d’impact écologique sur l’environnement», a-t-on également annoncé.

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Le gouvernement nord-coréen a expliqué avoir décidé d'accroître ses capacités nucléaires en réponse à la «politique hostile des Etats-Unis», en soulignant cependant qu'il s'engageait à ne pas utiliser son arsenal nucléaire, sauf dans le cas de menace à sa souveraineté.

Ces déclarations de Pyongyang font suite à la détection d’un séisme par plusieurs autorités internationales, dont l'Institut américain de géologie (l’USGS)et le Bureau chinois de sismologie.

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Le supposé tremblement de terre avait une magnitude de 4,9 et une profondeur de «0 mètre», d’après le message diffusé par ce dernier. L’USGS a pour sa part annoncé une magnitude de 5,1 et 10 km de profondeur et expliqué que l'épicentre du séisme se situe dans le nord-est de la Corée du Nord, tout près du site d'essais nucléaires de Punggye-ri dans le compté de Kilju. Les trois autres essais nucléaires réalisés par la Corée du Nord ont eu lieu sur ce même site.

Néanmoins, les spécialistes du nucléaire ont accueilli avec le plus grand scepticisme l'annonce nord-coréenne d'un premier essai de bombe H.

«Les données sismologiques suggèrent que l'explosion a été considérablement moins forte que celle à laquelle on pourrait s'attendre d'un essai de bombe H», a déclaré le spécialiste en politique nucléaire Crispin Rovere, basé en Australie.

Réactions internationales : «grave défi» et «provocation»

Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a qualifié mercredi l'essai de bombe à hydrogène réalisé par la Corée du Nord de «grave défi» aux efforts mondiaux de non-prolifération nucléaire.

«Je condamne fermement» cet essai, a déclaré M. Abe à la presse. «L'essai nucléaire mené par la Corée du Nord est une sérieuse menace contre la sécurité de notre pays et nous ne pouvons absolument pas le tolérer», a-t-il ajouté.

Washington, de son côté, a également fustigé les «provocations» de la Corée du Nord. La Maison Blanche a pourtant déclaré ne pas être en mesure de confirmer les déclarations de Pyongyang.

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«Nous condamnons toute violation des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU et appelons à nouveau la Corée du Nord à respecter ses obligations et ses engagements internationaux», a déclaré le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, Ned Price, dans un communiqué.

Pour Séoul, il s’agit aussi d’une «violation claire des résolutions du Conseil de sécurité», selon une déclaration officielle du gouvernement, qui a promis de prendre «toutes les mesures nécessaires» pour que Pyongyang en «paie le prix».

Tout en condamnant fermement à son tour les actions de Pyongyang, la Russie a cependant noté qu’on ne savait pas avec certitude quel type de bombe a été testé par la Corée du Nord.

En France, un communiqué diffusé par l’Elysée a qualifié de «violation inacceptable» le supposé essai nord-coréen.

Le chef de l’Organisation du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires Lassina Zerbo a appelé quant à lui la Corée du Nord à renoncer aux futurs tests et rejoindre les 183 pays signataires du Traité, conclu en 1996.

Réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU

D’après plusieurs sources diplomatiques, une réunion à huis clos du Conseil de sécurité des Nations Unies sera convoquée ce mercredi à 16h GMT, a annoncé l’agence Reuters.

«Les Etats-Unis et le Japon ont demandé d’organiser des consultations d’urgence du Conseil de Sécurité concernant l’essai nucléaire présumé effectué par la Corée du Nord», a annoncé en outre la porte-parole de l’ONU Hagar Chemali.

Quatrième essai de Pyongyang

La première déclaration de création d’une bombe nucléaire par la Corée du Nord remonte à 2005. Le pays a depuis effectué trois essais nucléaires connus, tous sur le site de Punggye-ri. Le premier d’entre eux a eu lieu en 2006 pour tester une bombe équivalente à 5-10 kilotonnes de TNT, et a été enregistré par des stations sismiques en Russie, en Chine, au Japon, en Corée du Sud et en Australie.

Les deuxième et troisième essais ont eu lieu en mai 2009 et en janvier 2013, avec des bombes d’une puissance accrue de 10-20 kilotonnes de TNT chacune.

Le dernier essai a provoqué des sanctions de la part du Conseil de Sécurité de l’ONU, qui a imposé des restrictions sur le secteur bancaire et commercial du pays.