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L'opération turque ne vise pas la résistance mais la population kurde, selon la représentante du HDP

Tandis que la Turquie intensifie la répression dans les régions peuplées par les Kurdes, la police a arrêté plusieurs personnes lundi lorsque les tensions sont devenues fortes à l’occasion d’un rassemblement pro-kurde à Istanbul.

Dix personnes ont été arrêtées dans le cadre d’affrontements entre les sympathisants du Parti démocratique des peuples (HDP) et la police. Des manifestants se sont réunis pour exprimer leur colère face à la répression par le gouvernement dans le sud-est du pays, la principale région de peuplement kurde en Turquie.

L’armée turque mène ce qu’elle qualifie d’«opération antiterroriste» dans cette région. Les autorités y ont déjà déployé dix mille soldats soutenus par des hélicoptères.

Dimanche, l’armée turque a déclaré avoir tué 261 militants depuis le début de l’opération commencée à la mi-décembre. Le HDP à son tour affirme que des dizaines de civils figurent parmi les victimes.

Dans sa répression, Ankara est allé au-delà du déploiement militaire. Deux dirigeants de la formation politique pro-kurde du Parti démocratique des peuples sont poursuivis pour crime constitutionnel au motif qu'ils ont évoqué une autonomie pour les régions kurdes.

Selon eux, l’autonomie pour les Kurdes pourrait apporter une solution pacifique au conflit. Cependant, le parquet a un allié puissant, le président lui-même.

Aller plus loin : Pour Erdogan, évoquer l'autonomie des régions kurdes constitue un crime constitutionnel

«Les déclarations des dirigeants du HDP sont des crimes constitutionnels», a declaré Recep Tayyip Erdogan aux journalistes de Hürriyet samedi «Des enquêtes ont été ouvertes par les procureurs contre eux. Ils doivent être poursuivis.»

Le HDP dénonce un «massacre quotidien»

Le dernier incident de l’opération d’Ankara, aurait fait au moins deux morts parmi les civils. La représentante du HDP Feleknas Uca a fait savoir à RT que des meurtres sont dissimulés par le gouvernement.

Depuis la ville de Diyarbakir, elle a expliqué que la police jetait des gaz lacrymogènes sur la population chaque jour. «Il y a des cadavres dans la rue. Un garçon de 16 ans a été tué l’autre jour. Les familles des victimes ont lancé une grève de faim».

Pour elle, cette opération est un massacre quotidien, «elle ne prend pas pour cible la résistance mais la population», et le gouvernement doit l’arrêter, a-t-elle conclu en appelant l’Europe à agir et adresser à la Turquie un carton rouge.

Feleknas Uca a également affirmé que les médias étaient censurés dans leur couverture de cette opération. «Les chaînes de télévision donnent une information partielle, parce qu’elle [la police] arrête tous les journalistes indépendants. Le gouvernement essaye de dissimuler ce qui se passe», a-t-elle expliqué.

Le HDP mène une guérilla contre la Turquie depuis des décennies, afin d’obtenir l’autonomie pour les régions kurdes. Selon les estimations près de 40 000 personnes sont décédées de deux côtés en raison des violences.