Selon Christoph Strasser, la situation du pays s’est dégradée de façon drastique sous la présidence d’Erdogan. Il était interrogé pour savoir si l’Union européenne était prête à être souple pour l’adhésion de la Turquie : «il ne peut y avoir de concession sur la politique des droits de l’Homme pour la Turquie. Nous ne devons pas être généreux envers la Turquie juste parce que nous coopérons plus avec elle en ce moment. L’UE doit tenir et garder ses règles strictes en matière de droits de l’Homme et de liberté de la presse» a-t-il répondu sur N24 un site allemand. La Turquie cherche à entrer dans l’UE depuis 1987, mais des points clés comme les libertés fondamentales ou l’avenir de Chypre restent des obstacles majeurs à son adhésion.
Selon le journaliste Bryan MacDonald contacté par RT «la Turquie tente d’utiliser la situation en Syrie et les tensions avec la Russie afin de remettre à l’ordre du jour son adhésion à l’Union européenne ». Cependant pour lui c’est une illusion, l’UE porte une oreille attentive à l’adhésion de la Turquie juste parce que le pays est utile en ce moment en tant que membre de l’OTAN.
L’Europe doit faire face à la plus grande crise de réfugiés depuis la Seconde guerre mondiale. Les dirigeants de l’Union européenne se sont donc tournés vers Ankara pour demander de l’aide afin de contrôler le flux de migrants et de réfugiés qui entrent en Europe.
La Turquie a décidé de renforcer ses contrôles aux frontières notamment avec la Grèce, mais a exigé 3 milliards d’euros pour aider à accueillir les 2,2 millions de réfugiés syriens qui vivent actuellement en Turquie. L’UE s’est également engagée à assouplir la délivrance des visas pour les ressortissants turcs et à relancer les négociations sur le processus d’adhésion.
Le délégué du gouvernement allemand chargé de la politique des droits de l’Homme estime qu'Ankara est encore loin d’atteindre les conditions pour une admissibilité «nous devons rappeler les règles de conformité à Ankara. En Turquie, les dissidents sont punis et il y a des attaques contre l’opposition. Tant qu’il y a de telles choses, le pays ne fera pas partie de l’UE. Si nous ignorons ces faits, ce serait un lourd signal».
Récemment Ankara a été vivement critiquée pour avoir intensifié la répression contre les journalistes en utilisant des lois anti-terroristes pour poursuivre ceux qui critiquaient Erdogan voir les accuser de trahison. Même les enfants ne sont pas à l'abri de la répression. À la fin octobre, deux garçons âgés de 12 et 13 ont été accusés de déchirer des affiches du dirigeant turc, ce qui pourrait les conduire en prison pour quatre ans pour avoir «insulté» le président.
Le régime turc utilise la sécurité nationale comme excuse pour emprisonner des journalistes, a déclaré Can Dündar, le rédacteur en chef de Cumhuriyet, emprisonné après avoir publié des photos qui prouveraient l'envoie d'armes turques en Syrie.
Can Dündar a été arrêté le 26 novembre en compagnie du correspondant à Ankara du journal, Erdem Gül. Ils ont été inculpés pour «terrorisme», «espionnage» et «divulgation de secrets d'Etat» après la publication de photos en mai dernier dans le journal prétendant faire état de livraison d'armes de la Turquie en Syrie.
L'arrestation des deux journalistes avait déclenché d’importantes manifestations de soutien. Un millier de personnes s'étaient ainsi réunies devant le journal turc d'opposition Cumhuriyet à Istanbul juste après l'arrestation.