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Bruxelles relance les négociations d’adhésion de la Turquie malgré les critiques

La présidence luxembourgeoise de l’Union européenne a annoncé lundi ouvrir un nouveau chapitre dans les pourparlers sur l’intégration de la Turquie... au risque de déplaire.

Un pas de plus vers l’Europe des 29 ? Si l’on est encore loin de voir Ankara rejoindre le projet européen, Bruxelles vient de redonner vie à des négociations qui étaient au point mort depuis plusieurs années. C’est la présidence luxembourgeoise de l’Union qui a lâché l’information. Un nouveau chapitre des pourparlers est désormais discuté.

Politique économique et monétaire

Le chapitre 17, qui porte sur la politique économique et monétaire, a donc été ouvert lors d’une conférence intergouvernementale. Celle-ci s’est vu convoquée deux semaines après un sommet européen extraordinaire qui visait à renforcer la coopération entre l’UE et Ankara sur la crise migratoire. Un événement qui a vu les Européens promettre le versement de trois milliards d’euros à la Turquie pour l’aider à accueillir les réfugiés syriens.

Du l’autre côté du Bosphore, la nouvelle a, évidemment, bien été accueillie. La délégation turque à Bruxelles s’est même fendue d’un tweet : «La dynamique positive dans les relations UE-Turquie se poursuit.»

Il faut dire qu’Ankara avait mis toutes les chances de son côté. Le gouvernement turc s'était déplacé en nombre à Bruxelles, représenté par son vice-Premier ministre Mehmet Simsek, son ministre des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu et son collègue chargé des Affaires européennes Volkan Bozkir. Ce dernier s’est d’ailleurs félicité d’un «pas important dans notre adhésion après environ deux ans d'impasse».

«Cette ouverture porte le nombre de chapitres ouverts à quinze», a précisé le chef de la diplomatie luxembourgeoise Jean Asselborn lors d'une conférence de presse, soulignant un «nouvel élan» et la «revitalisation du processus d'adhésion» de la Turquie. Le ministre a fait du pays un partenaire indispensable pour l’Europe : «Il va de soi que l'Union a besoin du partenaire stratégique qu'est la Turquie sur un bon nombre de dossiers internationaux, que soit la migration, la lutte contre le terrorisme, la sécurité énergétique, l'économie, le commerce, le climat et j'en passe.»

Cela risque de ne pas plaire à tout le monde

Lors du fameux sommet du 28 novembre, le président français François Hollande estimait qu’il n’y avait aucune raison «d’accélérer» ou de «ralentir» le processus d’adhésion de la Turquie. Certains font moins dans la diplomatie et crient haut et fort leur désapprobation. C’est le cas du président tchèque Milos Zeman qui déclarait récemment : «La Turquie ne doit pas adhérer à l'Union européenne étant donné qu’elle agit parfois comme un allié du groupe terroriste de Daesh.»

En Grèce et à Chypre, on se montre également très prudents quant aux négociations. Mais le plus grand obstacle à l’intégration de la Turquie  reste sûrement celui des opinions publiques. L’année dernière, l’hebdomadaire Valeurs Actuelles réalisait une campagne de sondages dans plusieurs pays européens sur la question. Mis à part dans quelques nations du sud comme l’Espagne, les antis étaient très majoritaires. Ainsi 83% des Français, 72% des Allemands et 68% des Belges se disaient opposés à l’adhésion turque. Vu les récentes accusations qui fusent d’un peu partout à l’encontre de la Turquie sur ses liens présumés avec Daesh, difficile de croire que la tendance se soit inversée depuis.