Capturé dans le nord de la Syrie en septembre par les Unités de protection du peuple (YPG) du Parti kurde, Abdourrahman Abdoulhadi, un citoyen syrien qui avait rejoint Daesh (Etat islamique, EI), affirme qu’il a été entraîné en Turquie avant d’entamer ses activités au sein de l’organisation terroriste.
Le YPG est présent dans trois régions contrôlées par le Parti de l’union démocratique (PYD) kurde syrien, où il combat des groupes islamistes, surtout le Front al-Nosra et Daesh. Le PYD, antenne du Parti kurde des travailleurs (PKK) en Turquie, a de facto dirigé certaines parties de la Syrie après que les troupes gouvernementales ont été forcés de s’y retirer en 2012. En s’assurant l'autorisation des autorités locales kurdes, les journalistes russes ont pu recueillir les premiers témoignages de l’«amitié» entre Ankara et l’Etat islamique.
Lire aussi : la police disperse une manifestation contre l'opération anti-PKK à Ankara
«Ils ne font que prétendre être ennemis, mais en fait ils sont amis», a déclaré Abdourrahman Abdoulhadi à l’antenne de l’agence Sputnik en Turquie, alors que son frère combat toujours au sein de Daesh. Alors que les citoyens turcs ne représentent qu’«environ 10%» de tous les djihadistes qu’Abdourrahman a rencontrés, le prisonnier a noté que la Turquie prend une part active dans l’entrainement des combattants de l’Etat islamique.
«En août 2014, je m’entrainais dans la vile turque d’Adana avec un des émirs de Daesh» et 60 autres combattants, a raconté Abdoulhadi, en ajoutant que cet entraînement qui a duré un mois se passait dans un camp «proche à l’aéroport».
Le soldat capturé de l’EI a précisé que les exercices étaient surveillés par deux officiers, dont un «ne parlait que turc, dont l’autre servait d’interprète».
«Une fois par semaine, nous suivions des cours de tir où on nous apprenait à utiliser des Kalachnikov, des mitrailleuses et d’autres armes», a dit le jeune djihadiste. «Tout cela se passait en Turquie parce que les commandants de Daesh pensaient que c’était plus sûr de le faire ici qu’en Syrie, à cause des bombardements».
Alors que le camp est officiellement destiné à la formation de l’Armée syrienne libre, «les 60 personnes présentes étaient des membres de Daesh», a affirmé le prisonnier de YPG. «C’était des citoyens syriens, dont plusieurs étaient initialement arrivés en Turquie pour chercher du travail, mais ont par la suite rejoint les terroristes».
Lire aussi : L’OTAN envisage de déployer des avions de renseignement en Turquie
Après avoir terminé sa formation, Abdoulhadi a été assigné à accompagner des Syriens qui voulaient rejoindre les djihadistes.
«Ensuite je suis allé dans un des districts de la ville d’Adana. Mon devoir était d'enrôler de nouvelles recrues syriennes. Après l’entrainement, nous les envoyions à Urfa, d’où ils étaient transférés encore une fois en Syrie, à Raqqa, à travers un point de contrôle sur la frontière turco-syrienne, pour ensuite partir encore plus loin», a expliqué Abdourrahman Abdoulhadi, en ajoutant que c’était la seule mission dont son «émir» l’a chargé.
Lire aussi : Anonymous déclare la guerre à la Turquie pour son «soutien à Daesh»
Le prisonnier a cependant ajouté qu’il a également été déployé en Syrie pour de courtes périodes de temps, pour être finalement capturé dans le village de Tal Afer, le 1er novembre.
Abdourrahman Abdoulhadi a en outre rapporté que Daesh reçoit actuellement des munitions voyageant dans des camions déguisés en véhicules non militaires. Toutefois, les combattants de son grade n’étaient pas au courant de l’identité de l’expéditeur de ces armes.
«Des munitions ont été livrées dans des voitures civiles et pas militaires, parce que les avions pourraient les repérer et les bombarder. Daesh utilise principalement des voitures civiles. J’ai entendu qu’ils mettaient des légumes sur les boîtes contenant des armements, de sorte que les avions ne s’en aperçoivent pas».