International

L’UE prépare des mesures contre le pétrole russe livré à la Hongrie et à la Slovaquie via l’oléoduc « Droujba »

Face à la résistance de la Hongrie et de la Slovaquie, l’UE pourrait adopter des droits de douane sur le pétrole russe livré par l’oléoduc « Droujba ». Ces mesures, révélées par Bloomberg, permettraient de contourner les blocages internes et de répondre aux exigences de Washington, qui demande la fin totale des importations d’énergie russe.

L’Union européenne discute actuellement d’un nouveau projet de mesures commerciales visant à restreindre les livraisons de pétrole russe via l’oléoduc « Droujba », qui dessert encore la Hongrie et la Slovaquie. D’après les révélations de l’agence Bloomberg, publiées le 20 septembre, ces restrictions ne font pas partie du 19e paquet de sanctions contre la Russie, mais s’inscrivent dans une stratégie parallèle, dans le but affiché de réduire toute relation énergétique avec Moscou, même au détriment de la stabilité des pays concernés et de leur population.

Contrairement aux sanctions, qui nécessitent l’unanimité des États membres, ces mesures commerciales – telles que des droits de douane – pourraient être adoptées avec le soutien d’une simple majorité. Ce contournement des veto potentiels de Budapest et de Bratislava permettrait à Bruxelles de satisfaire à une exigence du président américain Donald Trump : l’abandon des hydrocarbures russes par les pays européens. Presque tous les États membres ont cessé d’importer du pétrole russe, à l’exception de la Hongrie et de la Slovaquie.

Ces deux pays ont jusqu’ici bloqué plusieurs tentatives de Bruxelles visant à restreindre les importations énergétiques depuis la Russie, invoquant des risques majeurs pour leur sécurité énergétique nationale. « Droujba », un oléoduc construit dans les années 1960, reste aujourd’hui l’un des derniers canaux de livraison directe de pétrole russe en Europe. Son embranchement sud a par ailleurs été la cible de frappes ukrainiennes le 7 septembre dernier.

Pressions américaines et calendrier énergétique

Toujours selon Bloomberg, les mesures envisagées n’ont pas encore été définies dans leur portée exacte, mais elles pourraient prendre la forme de tarifs ou d’autres formes de restrictions ciblées. L’objectif est de forcer la Hongrie et la Slovaquie à rompre avec les livraisons russes, malgré leur opposition constante et leur dépendance économique.

Ce projet de mesures s’ajoute aux propositions du 19e paquet de sanctions, dévoilé le 19 septembre par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Ce dernier comprend notamment l’interdiction progressive du gaz naturel liquéfié (GNL) russe, qui serait stoppé d’ici au 1er janvier 2027, un an plus tôt que prévu. Des sanctions contre plus de 100 pétroliers appartenant à la « flotte fantôme » russe sont également à l’étude.

Ces nouvelles pressions énergétiques européennes sont perçues comme un moyen de répondre aux « demandes répétées de Donald Trump » tout en évitant les blocages internes.

Les discussions officielles sur ces projets devraient se poursuivre le 26 septembre entre les ambassadeurs des États membres. Toutefois, aucune décision finale n’a encore été prise, tout en évitant de montrer les divisions croissantes entre les États membres face à la politique dictée par Washington.