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Les tribunaux britanniques de la charia retiennent des femmes en «captivité matrimoniale»

Une nouvelle étude menée en Grande-Bretagne a montré que les tribunaux de la charia agissent «toujours en faveur du mari» et ne relèvent pas les cas de violence domestiques qu’ils rencontrent, estime l’auteur du document.

«Il existe de facto deux systèmes légaux fonctionnant [au Royaume-Uni], dont un agit actuellement "dans les ténèbres de la loi"», estime Machteld Zee, une spécialiste en droit de l’Université de Leiden aux Pays-Bas, qui s’est rendu à plus de douze procès dans des tribunaux islamiques à Londres et à Birmingham.

Les juges dans ces cours «soutiennent en théorie et en pratique la conception d’un homme fort qui domine la femme», d’après son étude qui a été consultée par The Independent. Les femmes y sont en fait la catégorie de plaideurs la plus répandue car ils s’y adressent pour demander le divorce religieux, un procédé dont les hommes n’ont pas besoin, car ils sont capables de l’obtenir verbalement sans assistance judiciaire.

Cependant, cela ne signifie pas que les tribunaux sont aptes à aider les femmes à obtenir leur divorce dans de bonnes conditions, accuse Machteld Zee. «En fait, il est reconnu qu’il tendent au contraire à rejeter ces demandes, surtout si le mari est peu disposé à coopérer», souligne-t-elle.

La chercheuse a été choquée par certaines affaires, lorsque des femmes démunies par les dettes contractées par leurs maris, ont été forcées de payer pour voir leur demandes de divorce satisfaites, ou quand des maris disparaissaient au beau milieu de procédures.

Alors que les tribunaux islamiques sont officiellement reconnus au Royaume-Uni comme des institutions d’arbitrage et de médiation, la spécialiste propose que le gouvernement britannique reprenne l’exemple des Pays-Bas, où les femmes qui se voient refuser leur demande de divorce religieux peuvent engager des procédures dans une cour ordinaire.

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Ces découvertes doivent être présentées aux deux chambres du Parlement britannique le mois prochain. Le livre contenant toutes les révélations de Machteld Zee doit être publié en janvier.

Le Conseil islamique de la charia n’a pas tardé à réfuter vertement les accusations de la chercheuse, en les qualifiant d’«absolument ridicules». «Nous existons pour aider les femmes à sortir des mariages religieux», a souligné Khola Hasan, une responsable du Conseil.