Plus de 5% des interrogés ont «beaucoup» de sympathie pour les jeunes musulmans qui quittent le Royaume-Uni pour aller se battre, et 14,5% ont «un peu» de sympathie. Parmi les femmes de l’échantillon, un quart a au moins un peu de sympathie, selon le sondage Survation publié par The Sun, au moment de la publication de l’explosion du nombre d’agressions visant les femmes portant le hijab après les attentats de Paris.
Près de 40% des sondés pensent que la cause principale des attaques terroristes de l’EI est la politique étrangère occidentale, dont l’invasion de l’Irak. 56% ne veulent pas que David Cameron n’envoient des troupes britanniques bombarder la Syrie, et 61% pensent que les musulmans britanniques font suffisamment pour s’intégrer à la société.
Néanmoins, la question posée est ambigüe : «Avez-vous de la sympathie avec les jeunes musulmans qui quittent le Royaume-Uni pour se joindre aux combattants en Syrie ?». Alors, les interrogés peuvent répondre «beaucoup», «un peu» ou «aucune» sympathie avec les personnes allant en Syrie. Le problème est que cette formulation ne précise pas si l’on parle des djihadistes. Ainsi, plusieurs britanniques ont été présentés comme des héros pour être allés se battre en Syrie du côté des Kurdes contre l’Etat islamique par exemple.
De plus, un sondage réalisé pour Sky News en mars prenant un échantillon de la population britannique ne s'identifiant pas comme musulman, faisait état d’un résultat similaire concernant la «sympathie» éprouvée pour ces jeunes musulmans partant se battre en Syrie (14%).
De nombreux Britanniques sont partis en Syrie rejoindre l’EI et ont souvent été mis en avant par la communication des djihadistes, dans les vidéos de recrutement, de propagande, ou d’exécution. Mohammed Emwazi, qui a grandi à Londres, est plus connu sous le nom de Jihadi John. Il est apparu dans plusieurs vidéos dans lesquelles il décapitait des otages de l’organisation islamiste. Le mois dernier, il a été tué par une frappe de drone américain dans la capitale de l’EI à Raqqa.
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Pour le candidat à la mairie de Londres Sadiq Khan, le sondage doit réveiller les consciences. Le travailliste a déclaré au journal : «Il est clair que la Grande-Bretagne doit arrêter de se voiler la face et doit agir contre l’extrémisme et la radicalisation dans le pays. S’attaquer à l’extrémisme est un défi pour tout le monde, mais je pense que les musulmans britanniques ont un rôle spécial à jour dans cette lutte».
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Ces chiffres sont publiés alors qu’un rapport sur les agressions contre les musulmans fait état d’une augmentation de 300% suite aux attentats de Paris, les femmes étant les premières victimes de ces attaques. Ce rapport, destiné au groupe de travail gouvernemental sur l’islamophobie, a fait état de 115 agressions racistes contre les musulmans au Royaume-Uni dans la semaine suivre les attentats. La plupart des victimes étaient des jeunes femmes âgées en 14 et 45 ans, portant des vêtements traditionnels. Les assaillants étaient eux majoritairement des hommes blancs, âgés en 15 et 35 ans.
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Le rapport indique : «De nombreuses victimes ont affirmé que personne n’est venu les aider ou même les consoler, ce qui signifie qu’elles se sont senties persécutées, gênées, seules et en colère contre ce qui leur est arrivé. Seize des victimes ont même exprimé leur peur de retourner dehors à l’avenir et que les évènements qu’elles ont vécu ont affecté leur confiance».
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